Déclaration de Joseph Beti Assomo aux termes de la réunion spéciale de sécurité à Yaoundé le 1er décembre 2017.
« Je vous remercie de l’occasion que vous me donnez de pouvoir dire un ou deux mots sur la réunion d’évaluation sécuritaire que nous avons tenue ici à Yaoundé dans la salle de conférence du Ministère de la Défense ce matin. Réunion à l’ouverture de laquelle vous avez assisté. Les secrétaires d’Etat auprès du Ministre de la Défense ont pris part aux travaux. Les chefs d’état-major centraux ont pris part à la réunion. Et vous l’avez observé et noté tous les commandements territoriaux étaient représentés par leurs commandants respectifs, des officiers généraux et commandants des quatre légions militaires interarmées, des officiers généraux et commandant des régions de gendarmerie et les officiers supérieurs et commandants de certaines opérations particulières.
« Nos Armées doivent faire face »
Nous ne nous sommes pas réunis à Yaoundé ce jour pour disserter ou philosopher sur les menaces sécuritaires auxquelles notre pays et nos Armées doivent faire face.
Nous nous sommes réunis sur Très Hautes Instruction de Monsieur le Président de la République, chef des armées et nous venons d’achever les travaux. Nous ne nous sommes pas réunis à Yaoundé ce jour pour disserter ou philosopher sur les menaces sécuritaires auxquelles notre pays et nos Armées doivent faire face. Ce n’était pas de la philosophie ; mais nous étions réunis à la suite de la déclaration de Monsieur le Président de la République, chef des Armées. Hier soir, jeudi 30 novembre 2017 à son retour d’Abidjan, il était représenter notre pays au sommet Union Africaine–Union européenne- et vous avez relayé à l’attention de l’opinion publique nationale et internationale, l’engagement de Monsieur le Président de la République, sa déclaration hier soir à l’Aéroport International de Nsimalen, et dans laquelle il disait entre autres que désormais les choses sont parfaitement claires pour tout le monde. Le Cameroun est victime des attaques à pétition des bandes de terroristes qui se réclament d’un mouvement sécessionniste. Le chef de l’Etat de poursuivre dans sa déclaration en disant qu’il tenait à rassurer le peuple camerounais que toutes les dispositions étaient prises pour mettre hors d’état de nuire ces criminels et faire en sorte que la paix et la sécurité soient sauvegardées sur toute l’étendue du territoire national. Une déclaration suffisamment claire.
« Les forces de Défense et de Sécurité ont perdu des hommes »
Les forces de Défense et de Sécurité ont perdu des hommes dans des conditions particulièrement tragiques, je dirais même effroyables et épouvantables.
Il nous appartenait aujourd’hui d’arrêter les mesures concrètes de mise en œuvre immédiate de cet engagement politique du chef des Armées. Vous allez me demander concrètement ce qui a été arrêté et convenu au cours de la réunion, je ne saurais tout naturellement vous en faire l’économie, mais je voudrais vous dire qu’il y a des mesures qui seront mises en œuvre immédiatement et le processus va se poursuivre jusqu’à ce que cette situation incommode que nous vivons soit éradiquée. Les forces de Défense et de Sécurité ont perdu des hommes dans des conditions particulièrement tragiques, je dirais même effroyables et épouvantables. Certains sont tombés sous les balles de l’ennemi. D’autres ont été égorgés, égorgés dans des conditions tout à fait épouvantables.
Face à l’arbre qui « cachait la forêt »…
Et on se rend compte que c’était l’arbre qui cachait la forêt. Et aujourd’hui, il est question de prendre le taureau par les cornes.
Nous avons une Armée républicaine dont le professionnalisme est reconnu de tous, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. Nous avons une Armée respectueuse des droits humains. Le président de la République, à la manœuvre depuis la fin de l’année dernière pour régler politiquement ce qui au départ était présenté comme des convulsions corporatistes et des réclamations qui ont été réglées. Nous n’en faisons plus l’historique aujourd’hui. Tout le monde a vu ce qui s’est passé. Et on se rend compte que c’était l’arbre qui cachait la forêt. Et aujourd’hui, il est question de prendre le taureau par les cornes.
« Égorger les militaires, les assassiner, faire des veuves et orphelins : cela ne peut pas continuer »
Nous ne pouvons pas dire ce que nous allons faire ; mais lorsque le chef de l’Etat prend une décision politique comme celle-là, nous allons la mettre en œuvre, sans état d’âme. Il faut rassurer la partie de la population qui est prise en étau voire pratiquement otage… Le territoire national doit être préservé de toute forme de prédation. L’intégrité du territoire va être assurée. Je ne spécule pas sur les causes de la situation ; ce pas mon rôle. L’Armée ne spécule pas sur les mesures politiques ; ce n’est pas son rôle. Il y a des cercles qui sont prévus pour ça et le chef de l’Etat ne fait que cela depuis près d’un an. Et là, égorger les militaires, les assassiner, faire des veuves, faire des orphelins ; cela ne peut pas continuer.
Aucune compassion
Ceux qui passent le temps à nous donner des leçons sur le respect des droits humains, nous n’avons reçu aucune lettre de condoléances de qui que ce soit. Nous pouvons nous interroger. Ces militaires ne sont pas des êtres humains au même titre que les autres. Aucune compassion, aucune. Nous en avons pas besoin mais avons à faire à une armée qui est constituée, non pas de robots mais d’êtres humains. Donc nous mettons au travail…nous allons communiquer en cas de besoin sur la mise en œuvre des mesures prise… En réalité, ce qui compte ici ce n’est pas une déclaration, c’est l’action. »
© Propos recueillis et synthétisés par Marcien Essimi
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