Intéresser la jeunesse à la gouvernance foncière en Afrique

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Intéresser la jeunesse à la gouvernance foncière en Afrique

Plus de 200 juristes, politologues, économistes et étudiants de la Faculté de Droit de l’Université de Yaoundé 2 – Soa ont assisté au colloque international organisé par le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) et le Centre de Recherche en Droit du Travail, de la Sécurité Sociale et des Affaires (CDTSA) le mardi 12 septembre 2017. La conference a permis de discuter des défis de la réforme foncière en Afrique.

 

 

Accueillant l’initiative, le Pr Adolphe Minkoa She a déclaré que “la terre est une source de revenus très importante pour les communautés”. Réitérant l’appui des participants au colloque pour la réforme de nos lois foncières, il ajoute que la terre est “un patrimoine qui se transmet de génération en génération pour y pratiquer l’agriculture et bien d’autres encore, et qui mérite que l’Université s’u attarde.”

Selon le Secrétaire Général du CED Samuel Nguiffo, l’Organisation souhaite que les étudiants de Master et Doctorat se penchent sur les questions de gouvernance foncière et aspirent à faire carrière dans le domaine foncier.

“La terre est une source de revenus très importante pour les communautés…un patrimoine qui se transmet de génération en génération pour y pratiquer l’agriculture et bien d’autres encore…”

Pr Adolphe Minkoa She

Le Pr Pierre Etienne Kenfack, professeur de Droit à l’UY2, a expliqué que la réforme foncière au Cameroun permettra de mettre en perspective les défis croissants qui sont les nôtres. Les Etats sont confrontés à la croissance de la commercialisation des terres, qui, à l’origine, ne sont pas destinées à la vente. Les droits des communautés locales sont alors très souvent baffoués. D’où l’intéret de cette conférence.

Deux sessions ont meublé les échanges. La première a porté sur les expériences au Cameroun, à Madagascar, au Malawi et en Tanzanie. Les panélistes issus de ces différents pays ont présenté leurs lois foncières, les défis de la gestion des terres auxquels ils sont confronté et les innovations en matière de réglementation.

Lors de la seconde session, les panélistes ont été invités à partager leurs expériences quant-à l’usage des processus continentaux ou régionaux auxquels ils sont affiliés, et comment ces processus traitent des questions relatives à la société civile, aux femmes, aux peuples autochtones, et à l’exploitation des ressources naturelles.

Ainsi, l’exemple des femmes a été présenté par Kafui Kuwonu, de WILDAF (Women in Law and Development in Africa) au Togo. Cette ONG de promotion des droits de la femme, à l’origine de l’Initiative Kilimandjaro, a pour objectif d’influencer les politiques foncières en faveur des femmes rurales et des pauvres. Dans de nombreux pays, les femmes n’ont pas accès à la terre, sauf par l’intermédiaire de leurs parents ou de membres de leur famille de sexe masculin. Regroupant et mobilisant des femmes rurales, l’Initiative Kilimandjaro rencontre un succès. Grâce à leur solidarité, les membres de Wildaf ont rédigé une charte contenant les propositions susceptibles de favoriser la reconnaissance et la protection des droits fonciers des femmes.

Du côté du Kenya, John Samorai de “Ogiek Peoples ‘Development Development (OPDP)”, a partagé la récente victoire judiciaire de l’organisation et rappelé aux participants les nombreux défis auxquels sont confrontés les Peuples autochtones. Régulièrement expulsés de force par l’Etat, la communauté Ogiek s’est vue porteuse d’espoir pour les peuples autochtones du Kenya. Ainsi, le 26 mai dernier, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples lui a reconnu ses droits et sa liberté de pouvoir vivre sur les terres de ses ancêtres, suite à une expulsion du Gouvernement kenyan en 2012.

Plusieurs autres interventions ont eu lieu, notemment celle de Messieurs Jamus Jospeh, coordonnateur de l’ILC Afrique, et Amadou Kanoute, membre du Comité directeur de l’ILC Afrique, qui ont partagé leurs points de vue sur les processus continentaux et l’exploitation des ressources naturelles.

« Les problèmes liés aux terres sont complexes parce qu’ils traitent des personnes, des richesses et des cultures”,

Mawamba Harlette , étudiante en master de droit public

A l’issue de ces échanges durant lesquels la terre rurale a fait l’objet de beaucoup d’attention, les étudiants ont avoué avoir vu s’ouvrir de nouvelles perspectives pour leurs travaux futurs et pour leur reflexion. Ainsi, Yannick Mbarga et Hamadou Ibrahim, tous deux diplômés en droit public, estiment que l’Afrique devrait avoir des norms foncières harmonisées. Ils souhaiteraient une inclusion accrue des populations rurales dans les débats continentaux. Pour sa part, Mawamba Harlette, étudiante en master de droit public, estime que « les problèmes liés aux terres sont complexes parce qu’ils traitent des personnes, des richesses et des cultures”, et comme l’a souligné le recteur de l’Université, “tous les participants doivent s’unir pour aider à réformer nos lois foncières.”

Le colloque international de l’Université de Yaoundé 2 s’est tenu en marge de l’Assemblée Régionale 2017 de l’ILC Afrique, qui a eu lieu du 12 au 15 septembre sur le thème “La gouvernance foncière en Afrique: défis et solutions tirées des expériences nationales.”

 

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