Crise dite anglophone : Joseph Lé appelle la presse camerounaise au sursaut patriotique

"En chœur et de tout cœur, la presse responsable doit répondre par la négative. D’où l’appel à plus de vigilance et à une union sacrée des cœurs et des esprits, que je lance à mes consœurs et confrères de la presse. En toute humilité, mais avec l’ardeur que confère tout élan patriotique."

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Joseph Le appelle les journalistes de la presse camerounaise au sursaut patriotique

Dans une chronique publiée au quotidien gouvernemental intitulée “Face à la crise, L’exigence d’un journalisme responsable”, le Ministre, Directeur du Cabinet Civil adjoint Joseph Anderson Lé s’interroge sur la démarche  de certains hommes de médias  qui se “livrent à l’apologie du sécessionnisme ou alors servent de piédestal aux partisans et adeptes d’un mouvement qui remet en cause la souveraineté du pays…”

” Avec la crise socio-politique qui secoue, depuis un certain temps, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le rôle de la presse fait à nouveau débat. Attiser les tensions ou apaiser les esprits : quelle doit être sa mission première ? Que doit-on attendre d’elle dans un contexte de crise quasi insurrectionnelle où des voix s’élèvent pour appeler à plus de… responsabilité ? Le questionnement occupe voire préoccupe les cercles des observateurs avertis de la pratique journalistique, en temps de crise.

Ce questionnement n’est pas nouveau. Loin s’en faut ! A la vérité, il est consubstantiel aux situations de crise. Ici comme ailleurs, il fait l’objet de vifs échanges, chaque fois qu’un pays est confronté à des tensions sociopolitiques susceptibles de déstructurer le tissu social. Enregistré au cours du dernier quart de siècle, le cas du Rwanda, pays africain frère, hante encore la mémoire collective. Tristement célèbre est restée la « Radio des Mille Collines » dont le rôle incitateur avait conduit en 1994, à un véritable génocide. Près d’un million de morts déclarés en l’espace de quatre mois !

 

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Autour de nous, les exemples sont légion, qui peuvent illustrer « les dangers d’une presse sans foi ni loi » dans un contexte de crise à l’instar de celle que traverse notre pays.

Prévenir valant mieux que guérir, le Ministre de la Communication a entrepris d’effectuer le tour des rédactions. A chaque étape, Monsieur Issa TCHIROMA BAKARY a tenu à rappeler quelques règles déontologiques de base. Il a surtout appelé à une réelle prise de conscience des vrais enjeux de l’heure, notamment ceux liés à la souveraineté de notre pays et au caractère intangible de notre unité, par-delà les opportunismes politico-politiciens qui sous-tendent certaines démarches malhabiles de conquête du pouvoir.

En témoignent les comportements quelque peu abscons observés par une certaine presse au Cameroun et hors des frontières nationales. La course effrénée au scoop, la quête permanente des adjectifs et autres déterminants les plus abjects pour qualifier et dénigrer l’action du pouvoir dont les détenteurs sont au demeurant voués aux gémonies, la volonté d’afficher sans cesse une sorte de démarcation des lignes et positions défendues par les pouvoirs publics et de ramer à contre-courant, sont devenues autant de maîtres-mots qui fondent et guident leur ligne de conduite. Vous avez dit ligne éditoriale ?
Et quand s’en mêlent les réseaux sociaux, ces plateformes où tout et n’importe quoi circulent fiévreusement, sans filtre et sans recoupement, et qui pour certains, constituent la principale source d’information, alors adviennent toutes sortes de dégâts.

Nul n’ignore de nos jours, la capacité de désinformation, de manipulation et de nuisance des masses, dont ces réseaux sociaux sont investis. Cette presse-là a choisi la voie du sensationnel, celle qui a tendance à perdre tout sens de la raison, souvent au fallacieux prétexte d’une liberté de ton et d’une liberté d’informer qui, bien malheureusement, la place aux confins, et même en marge, des normes professionnelles les plus élémentaires.
Indigné, choqué par tant de dérives, le Pape François a dû sortir de sa réserve, et décider de s’attaquer aux « fake news », ces informations infondées qui contribuent à générer et à alimenter une forte polarisation des opinions. Aussi a-t-il annoncé, par anticipation, le 29 septembre 2017 (au lieu du 24 janvier prochain, journée consacrée à Saint François de Sales, le patron des journalistes), le thème de la journée de la communication 2018: « La vérité vous rendra libres (Jn 8, 32). Fausses nouvelles et journalisme de paix ».
La démarche du Très Saint-Père vise à « promouvoir un journalisme professionnel, qui cherche toujours la vérité, et donc un journalisme de paix qui favorise la promotion d’une culture de tolérance et de compréhension entre les divers groupes de la société », l’un des fondements d’une presse responsable.

  • La presse responsable. Celle qui en temps de crise, s’affirme par une « contribution citoyenne » à sa résolution par une qualité d’information irréprochable et exempte de tout soupçon partisan ; celle qui sait apprécier et non dévaloriser, motiver et non démoraliser, exalter et non diaboliser.
  • La presse responsable. Celle qui sait, par temps de crise, éviter ces tares qui valent à certains d’être étiquetés « médias de la haine » pour s’être éloignés des règles éthiques et déontologiques dont, au Cameroun, le Conseil National de la Communication (CNC) reste le fervent gardien, par-delà le corpus législatif qui régit la pratique du métier.
  •  La presse responsable. Celle qui, par temps de paix comme par temps de crise, sait se rappeler l’exigence première du « traitement de l’information » avant toute diffusion ou publication pour en faciliter l’absorption par ceux qui la consomment : lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, etc. Un traitement qui requiert de fait beaucoup de retenue pour tout journaliste dont le devoir est de faire œuvre utile à sa société d’appartenance en s’interdisant la diffusion des informations tendant à l’affaiblissement de celle-ci.
    Oui, le principe de responsabilité est au cœur même de la liberté de la presse et de la pratique du journalisme. Il impose « de ne pas dire tout et n’importe quoi »; par soi-même ou par personne interposée. Il impose aussi que le principe d’information de qualité, telle que définie dans différentes chartes du journalisme, à savoir une information « complète, libre, indépendante et pluraliste », ne devienne le prétexte à des dérives incontrôlées.

Dans notre contexte, pourrait-on par exemple, comprendre que des journaux se livrent à l’apologie du sécessionnisme ou alors servent de piédestal aux partisans et adeptes d’un mouvement qui remet en cause la souveraineté du pays que l’on sait pourtant inaliénable ?
Le Cameroun, notre ligne éditoriale commune
Loin de nous toute velléité de promouvoir quelque idée d’enfermement de la presse dans un « carcan idéologique ». Cela nous situerait du reste à mille lieux de la Vision du Président de la République, Son Excellence Paul BIYA. Qu’on s’en souvienne : avec la loi N° 90/052 du 19 décembre 1990 sur la liberté de la Communication sociale, il avait pris l’option irréversible de libéraliser le paysage de la presse au Cameroun. Nous voulons ici en appeler à la restauration de la « conscience individuelle » et à « un sursaut patriotique » en ces temps déterminants. Le pays est en effet parvenu à un moment tout particulier de son histoire. C’est l’étape de tous les possibles, avec des indicateurs qui promettent un avenir radieux pour un pays béni de la Providence. En dépit des aléas qui jalonnent le long chemin vers le développement, le pays poursuit, à son rythme, sa marche vers l’atteinte de l’Émergence à l’horizon 2035, cap fixé par le Chef de l’État.

Dans notre contexte, pourrait-on par exemple, comprendre que des journaux se livrent à l’apologie du sécessionnisme ou alors servent de piédestal aux partisans et adeptes d’un mouvement qui remet en cause la souveraineté du pays que l’on sait pourtant inaliénable ?

A l’heure où le « vaste chantier » que constitue le Cameroun devient au fil des jours le jardin de germinescence des Grandes Réalisations du Septennat 2011-2018, avec les infrastructures de pointe qui sortent de terre, est-il normal d’admettre que viennent y faire leur gîte des ennemis de la paix et du progrès social ?

Au moment où le terrorisme djihadiste sème la terreur dans l’Extrême-Nord, est-il raisonnable de laisser prospérer dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, des fossoyeurs du vivre-ensemble, dont le funeste dessein est de mettre en péril l’unité nationale, la paix, et l’intégrité de notre territoire ?

En chœur et de tout cœur, la presse responsable doit répondre par la négative. D’où l’appel à plus de vigilance et à une union sacrée des cœurs et des esprits, que je lance à mes consœurs et confrères de la presse. En toute humilité, mais avec l’ardeur que confère tout élan patriotique.

Comme ce fut le cas lors du conflit frontalier de la presqu’ile de Bakassi, la presse camerounaise, en tout temps, a su faire bloc pour accompagner le combat en faveur de la préservation de l’intégrité territoriale du Cameroun.

A titre personnel, je sais que le Cameroun a des journalistes de talent, soucieux et conscients de l’avenir de leur pays. Face aux enjeux d’aujourd’hui, cette responsabilité doit encore, plus que jamais, se manifester de manière agissante, et se laisser guider par la seule ligne éditoriale qui vaille, notre ligne éditoriale commune : le Cameroun !

© Joseph Anderson Lé, Journaliste et homme politique camerounais
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