Patrice Nganang : Le vrai-faux diplôme d’un personnage controversé

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Patrice Nganang : Le vrai-faux diplôme d’un personnage controversé

L’américain d’origine camerounaise, professeur de littérature dans une université américaine est au centre d’une polémique sur les réseaux sociaux depuis le 07 mars dernier. Au centre de la querelle, un diplôme de félicitation qu’il aurait reçu d’un député de la chambre des représentants.

 

 

© Marcien Essimi ǀ La Voix Des Décideurs – Tout est parti d’un post de l’activiste Boris Bertolt publié dans le forum d’échange « Le Cameroun c’est le Cameroun ». Le « journaliste » camerounais en séjour dans un pays européen faisait alors entendre que son compatriote Patrice Nganang avait reçu les félicitations d’un « député américain ». Sur le diplôme qui est joint au post, la « chambre des représentants » exprime sa reconnaissance aux travaux scientifiques du professeur. « Sincères félicitations au Professeur Patrice Nganang. En reconnaissance de votre succès en tant qu’écrivain, poète et enseignant. Nous saluons vos œuvres littéraires qui racontent les histoires de la littérature, du théâtre et des cultures africains » peut-on lire sur le texte qui est rédigé en anglais. Quelques heures plus tard, d’autres postes font état de ce que le diplôme présenté est « un vilain montage » que le professeur aurait fait d’un diplôme de félicitation décerné à la communauté Cambodgeoise. Et comme à l’accoutumée, place est faite à la querelle. Sous l’arbre à palabre qu’est désormais facebook, les partisans et les opposants à Nganang se sont livrés le temps d’une journée, une griserie médiatique faite d’inflations verbales, de chamaillerie et de chahut digne d’une cours de récréation. Dans la versatilité qui la caractérise, la communauté numérique s’est distribuée des insultes au nom de la défense ou de la mise à mort d’une figure somme toute importante de la littérature africaine. Une vaine bagarre.

Entre controverse et prise de conscience

En effet, les « bagarres » de plus en plus récurrentes autour des figures intellectuelles camerounaises sont contre productives. Qu’il s’agisse d’Achille Mbembe ; d’Eric Mathias Owona Nguini ; de Celestin Monga ; de Calixte Beyala ou autre Richard Macon, le monde entier envie le Cameroun de disposer d’autant de figures de référence dans le domaine de la Science. Guettées par toutes les générations, leurs prises de position et leurs analyses sont toujours porteuses d’un certain éclairage pour saisir notre espace socioculturel.

 

 

Certes, les sorties médiatiques de Patrices Nganang trahissent très souvent une anomalie civique et une extraversion de l’éthique humanitaire. Dans son refus de se taire et de s’abstenir face à ce qu’il considère comme un pouvoir vampire qui annihile les aspirations des citoyens, il use et abuse de sa maîtrise des mots. Il y introduit très souvent une vulgarité et une brutalité qui peuvent semer le doute dans les esprits.

Confiant du capital cognitif significatif dont il dispose, Patrice Nganang fait montre d’un populisme intellectuel qui sied bien avec les enjeux de l’heure. En lieu et place des discussions périphériques qui retiennent généralement l’attention des internautes, c’est sur la signification politique de ses prises de position que l’on doit s’appesantir. Car, au-delà des controverses auxquelles ils donnent lieu, les propos et les actions du professeur de littératures sont porteurs de message. Et le principal message que l’on doit y voir, c’est celui d’un appel à une conscience citoyenne. Celle-là même qui permet de comprendre que la participation de tous pour une alternance démocratique au Cameroun est requise.

Lorsqu’il use d’une rhétorique nécrologique en promettant de tuer le président Paul Biya, Patrice Nganang n’est se situe pas nécessairement dans une logique de mort physique. Il ne dispose d’ailleurs pas de la logistique appropriée pour parvenir à un tel dessein. La mort du chef de l’Etat « souhaitée » par Patrice Nganang doit être prise comme la métaphore de la « libération » d’un peuple avilie par 36 ans d’exercice de pouvoir par celui qui de l’avis du romancier, mérite « la mort ». C’est un appel à la réflexion. Réflexion sur les échecs du gouvernement et les contentieux dont le peuple camerounais pourrait hériter de l’actuel régime. Réflexion surtout sur les conditions et les actions à mener pour parvenir à une alternance pacifique dans notre pays. Prendre les positions et les actes de Patrice Nganang dans leurs significations politiques et leurs valeurs symboliques nous éviterait les débats stériles sur les vrais-faux diplômes qu’il recevrait à mille lieux de son pays qui est le principal destinataire de ses actions quotidiennes.      

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