Interview exclusive: L’écrivaine Pulchérie Feupo présente son ouvrage « L’Âme meurtrie d’Anouck »
Elle s’appelle Henritte Pulchérie FEUPO MEFENZA née dans la région du soleil levant. Titulaire d’une Licence en sociologie & communication, décrochée à l’Université de Dschang (Cameroun). Formée en tant qu’éducatrice sociale, à la Haute école d’étude sociale et pédagogique de Lausanne (Suisse), Pulchérie FEUPO, membre du groupe diaspora & développement, à la fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO), est conférencière et coach en intégration auprès du groupe Henritte Coaching.
Pulchérie Feupo qui accorde un intérêt particulier aux questions identitaires, et à l’intégration, a décidé de nous parler des coulisses de son ouvrage « L’Âme meurtrie d’Anouck » qui s’adresse à un public mitigé et curieux, à cheval entre valeurs africaines et occidentales.
Dans cette interview exclusive accordée à La Voix Des Décideurs, ce membre bénévole auprès de la Coordination Asile-Migration Riviera « Camir » installée en Suisse depuis plus d’une décennie, s’est ouverte à nous pour nous plonger dans les coulisses de son ouvrage invitant tout Africain, Camerounais, Congolais, Gabonais, Sénégalais, Ivoiriens, Ghanéen, Nigérien, Malien, Haïtien, et bien d’autres encore, ainsi que les Occidentaux assimilés par droit du sol, par adoption, ou par naturalisation, à visiter ou à revisiter une part de leur identitaire qui fait d’eux en partie, même infime, ce qu’il sont aujourd’hui.
Bonjour Madame !
Bonjour !
Qui est Pulchérie Feupo ?
Question assez simple mais finalement bien complexe… Difficile de se définir ! Je vais peut-être le faire à travers mes différentes casquettes. Tout d’abord, je suis une femme, une mère de deux enfants, et une épouse. Née au Cameroun, je suis restée très attachée à ma terre, et y retourne dès que possible. Intéressée dès mon adolescence par des questions humanitaires, je me suis inscrite en faculté des sciences humaines, après mon Baccalauréat scientifique qui me destinait aux études de médecines. Comprendre les humanités diverses était le véritable appel de mon âme. Après une licence en sociologie, j’ai été formée en tant que travailleuse sociale à la Haute Ecole d’Etudes Sociale et Pédagogique de Lausanne. J’œuvre actuellement dans l’intégration des populations migrantes à travers la Coordination Asile Migration Riviera, et à travers mon cabinet de coaching en intégration. J’œuvre également dans la mise en place des projets de développement dans les pays du sud, à travers la Fédération Vaudoise de Coopération. Passionnée par l’écriture, je m’y adonne à mes heures perdues.
Qu’est-ce qui a inspiré cette œuvre ?
Le besoin d’aborder la thématique identitaire de manière romancée, à travers des parcours de vie sur trois générations ; le besoin d’apporter ma pierre à l’édifice, dans cette période curriculaire transitoire que traverse l’espace académique camerounais. Et comme l’a dit Professeur Joseph Pascal MBAHA, vice doyen à la faculté des sciences de l’éducation de Yaoundé I, après lecture de mon œuvre, je cite « C’est une œuvre qui porte un regard nouveau, un regard frais et révélateur sur une thématique assez lourde, une œuvre qui mériterait sa place dans cet enjeu transitoire ».
Parlez-nous de la matérialisation de l’œuvre
Il m’a fallu un temps d’identification pour savoir ce que je trouvais utile de transmettre, comment je le voyais, et sous quelle forme cela me semblait avoir potentiellement plus d’impact. Je ne vous cache pas que j’ai été la première surprise après la réception des contrats de trois maisons d’éditions, pour la publication de cette œuvre. Mais mon choix s’est penché sur la maison d’édition « Edilivre », pour la liberté absolue qu’elle m’offrait. J’avais besoin de garder toute mon authenticité, et d’être lue pour ce que je suis. Il y a eu des jeux d’échange permanent, et une collaboration étroite…
Parlant du contexte de rédaction, quelles sont les conditions de rédaction de livre ?
Je tire mon chapeau à mes enfants qui ont fait preuve d’une patience remarquable. L’écriture, le moment de l’écriture est un espace assez enfermant, où on est coupé de tout et de tout le monde ; et comme sur un boulevard, on avance vers une destination que l’on s’est fixée, sans savoir ce qu’on croisera en chemin. Le chemin se dessine au fur et à mesure, et il faut l’ajuster ou s’y adapter. Les conditions étaient assez particulières dans la mesure où je ne pouvais me dérober véritablement de mes autres responsabilités. Mais lorsqu’on est animé par une envie, une énergie, ou une dynamique, on va jusqu’au bout de cette animation.
Quelles sont les histoires qui entourent cette œuvre ?
Les anecdotes qui entourent les coulisses de la rédaction de cette œuvre sont globalement liées à l’incrédulité de mon entourage ; mon entourage qui a mis en place, des stratégies de dissuasion. Ces stratégies m’ont fait rire la plus part du temps, mais néanmoins freiné quelques-fois… mais rien de bien grave, tout cela fait partie du jeu, et nous fait réaliser à quel point, nous sommes des êtres déterminés.
Pouvez-vous nous faire un résumé de cette œuvre ?
Il est difficile pour moi de vous en faire un résumé sans m’étendre un peu. Donc souffrez que je sois un peu longue. « L’Âme meurtrie d’Anouck » est une œuvre qui offre l’opportunité de questionner les enjeux identitaires actuels, dans un contexte de mondialisation, où les barrières culturelles tombent les unes après les autres, et dans lequel l’Afrique peine à retrouver sa boussole. Ceci est abordé à travers le parcours de vie, le cheminement de l’aïeul Pierre, à partir duquel se décline une désidentification culturelle progressive, qui se prolongera avec son Fils Paul, puis atteindra son paroxysme avec sa petite-fille Anouck. Anouck sera confrontée de plein fouet, à la réalité occidentale de l’heure, et tentera à travers des ajustements continus, de trouver un axe, une boussole identitaire fiable. C’est une œuvre qui met de manière continue, en lumière, les dilemmes culturels et religieux des personnages principaux, face au besoin d’investir l’univers colonial, flattés par les stratégies alléchantes mis en place par ces derniers. C’est aussi un prétexte pour parler du monde spirituel et religieux d’un peuple, avec une perception non pas des dieux multiples, d’un polythéisme, comme communément perçu, mais d’un monothéisme mal perçu et mal propagé, faute de traduction fidèle. C’est aussi, à travers le cheminement de Paul, une invitation à parler de l’organisation des royaumes en Afrique, de la place des femmes et des enfants dans ces espaces-là, tout en gardant à l’esprit, qu’il est peu probable de percevoir d’un seul regard, toutes les faces d’un même objet… En définitive, le trépident parcours d’Anouck nous invite à questionner l’héritage culturelle que nous souhaitons pour nos enfants, dans un monde de l’universelle.
Où trouvez cet ouvrage ?
Pour l’instant il est disponible chez l’éditeur « Edilivre » vous pouvez y accéder en vous connectant sur leur site. Il est également disponible à la FNAC, et vous le commanderez bientôt sur Amazone. Par ailleurs, si tout se passe bien, vous l’aurez également à la librairie des peuples noirs à Yaoundé.
Que pensez-vous de l’émancipation des femmes en Afrique ?
Dans le contexte actuel du Cameroun, où l’homme n’est plus le principal pourvoyeur de fond, c’est devenu une nécessité vitale ; ceci, pour un accompagnement optimal des camerounaises et des camerounais de demain. Mais avant toute chose, il est important de définir ce que l’on met dans ce terme d’émancipation, tout en veillant à ne lui enlever, aucune de ses notes de noblesse…
Et de l’implication de la femme dans la sphère décisionnelle dans votre pays d’origine le Cameroun où on a enregistré deux dépôts de candidatures féminines à l’Elecam dans le cadre de la Présidentielle du 7 octobre 2018 ?
Le pouvoir est une chose bien délicate à mon avis, et tout le monde y gagnerait en y impliquer une touche de féminité. La Suisse l’a prouvé à plusieurs reprises, dans des situations de négociations diplomatiques peu confortables…
Quel commentaire faites-vous de la crise socio-politique dite anglophone que traverse le Cameroun ?
C’est déplorable de voir des compatriotes mourir pour des causes pas toujours maîtrisées. Bien évidemment, je reste optimiste pour un cheminement vers la réconciliation. Personnellement, je pense qu’il serait pertinent d’assurer une transition douce comme au Gabon pour éviter des règlements de compte, et des bains de sang qui ne mèneront le Cameroun nulle part.
Qu’avez-vous comme projets actuellement ?
Continuer de produire des livres, en particulier des livres pour enfants Noirs, des livres qui valorisent leur identité, et reflètent des réalités actuelles.
Avez-vous un message ?
Soyez conscient de qui vous êtes globalement, et vous n’aurez jamais peur de l’autre, ou de devenir l’autre culturellement, socialement, et idéologiquement.
© Marcien Essimi ǀ La Voix Des Décideurs