Human Rights : Fermeture du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies au Burundi
1. La Haute-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a annoncé aujourd’hui, avec un profond regret, que le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies au Burundi a été fermé le jeudi 28 février suite à la décision du Gouvernement.
« C’est avec un profond regret que nous avons dû fermer notre bureau au Burundi après 23 ans de présence dans le pays », a déclaré Mme Bachelet. « Depuis la création du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies au Burundi en 1995, pendant de nombreuses années, nous avons travaillé avec le Gouvernement sur la consolidation de la paix, la réforme du secteur de sécurité, la réforme du secteur de la justice et contribué à renforcer les capacités institutionnelles et de la société civile sur toute une série de questions des droits de l’homme.
Le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies au Burundi a été créé en 1995, dans le contexte de violations massives des droits de l’homme commises dans le pays à la suite de l’assassinat du Président Melchior Ndadaye. Le Bureau a contribué à assurer l’incorporation d’une dimension des droits de l’homme dans la mise en œuvre de l’Accord d’Arusha, qui a été le socle de la stabilité du pays depuis de nombreuses années. Le Bureau a joué un rôle de premier plan dans la création de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme, de la Commission Vérité et Réconciliation, dans les réformes législatives ainsi que dans l’émergence d’organisations de la société civile fortes.
« Malheureusement, un bon nombre de ces avancées en matière de droits de l’homme ont été mises en péril depuis 2015 », a déclaré Mme Bachelet.
En octobre 2016, le Gouvernement – en réaction au rapport de l’équipe des experts Indépendants des nations Unies sur le Burundi établie par le conseil de droits de l’homme – a suspendu toute coopération avec notre Bureau au Burundi.
« Cela signifiait que le personnel des droits de l’homme des Nations Unies était gravement entravé dans leur capacité à examiner les allégations de violations », a déclaré la Haut-Commissaire. Néanmoins, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, au Burundi et son siège à Genève, ont continué de recevoir des allégations de violations et d’abus des droits de l’homme.
Deux ans après la suspension des efforts de coopération, le Gouvernement a demandé la fermeture du Bureau le 5 décembre 2018, expliquant que le pays avait fait suffisamment de progrès pour mettre en place des mécanismes nationaux de protection des droits de l’homme, de sorte que l’existence du Bureau n’était plus justifiée.
« Nos rapports sur la situation des droits de l’homme au Burundi ont toujours été produits dans un esprit constructif, destiné à soutenir la promotion et la protection des droits de l’homme dans le pays. Mais je suis déçue par le manque de coopération du Burundi ces dernières années avec les mécanismes des Nations Unies en matière de droits de l’homme – qui sont même allés jusqu’à inclure des menaces pour poursuivre les membres de la Commission d’enquête internationale indépendante établie par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies », a déclaré la Haute-Commissaire Bachelet.
Bachelet a rendu hommage aux nombreux défenseurs des droits de l’homme et aux acteurs de la société civile au Burundi qui ont travaillé avec dévouement, persévérance, courage et expertise à travers de nombreuses crises politiques et sociales dans le pays, tout en notant avec inquiétude que dans ces dernières années, beaucoup d’entre eux ont été arrêtés ou contraints à l’exil.
« Même si notre bureau au Burundi se ferme, nous continuerons à explorer d’autres moyens de mettre en lumière les préoccupations en matière de droits de l’homme et de soutenir les efforts de défense, de promotion et de protection des droits de l’homme dans le pays», a-t-elle déclaré.
« Le Gouvernement a exprimé sa volonté de travailler avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme après la fermeture de son Bureau au Burundi et nous sommes prêts à échanger de manière constructive. J’invite également le Gouvernement burundais à coopérer avec tous les mécanismes pertinents des Nations Unies en matière des droits de l’homme, y compris les Experts indépendants des Nations Unies et les organes de traités des droits de l’homme.