Journée Mondiale de la Liberté de la Presse : Les errances de René Sadi au Ministère de la Communication

Pris dans l’étau d’un régime en fin de règne, hommes et femmes de médias ont du mal à se mouvoir pour mener à bien leurs activités.

 

Depuis le début de sa carrière, René Emmanuel Sadi épris d’une passion pour les costumes improbables, les cravates bariolées et les coupes en brosse, est réputé maîtriser les rouages du pouvoir. Diplomate de formation, l’homme semble perdu depuis son retour le 04 janvier 2019 au sein du gouvernement, cette fois comme ministre de la communication. Mais son bilan au bout de plus de 100 jours laisse transparaître l’image d’un diplomate en errance au milieu de cette presse en perpétuelle mutation.

Après des essais manqués d’un style épistolaire des années 80, le plénipotentiaire semble n’avoir pas compris que rendu à l’ère des réseaux sociaux, ce sont ces derniers qui dictent désormais leurs lois. À cet effet, il faut se mettre à jour afin de manager ces jeunes hommes et femmes de médias qui ont appris à courir, à la vitesse lumière pour intercepter ces fake news qui envahissent leur quotidien.

Le fait le plus frappant du nouveau patron de la communication c’est très certainement sa distance avec la communication. Il y a pas que la presse camerounaise qui s’inquiète de ce nouveau Mincom, y compris ses proches collaborateurs semblent ne rien percevoir des propos tenus par le patron de leur département ministériel au cours des nombreuses réunions et concertations.

C’est très certainement dans un souci de gestion rationnelle de la dépense publique, ainsi que de la réduction du train de vie de l’Etat, que le ministère en charge de la Communication a opté de se passer, comme en République du Tchad, aux côtés de la presse, de la célébration de journée internationale de la liberté de la Presse. Un moment ô combien opportun pour le Ministère de la Communication, de marquer un temps d’arrêt pour tabler sur la grande division à la fois politico-ethno tribale qui semble s’être emparée de la presse camerounaise.

Au sein de toutes les grandes démocraties, les organes d’information jouent aussi un rôle de « gardien » face à l’action des pouvoirs politique et judiciaire. Ils maintiennent les démocraties en vie en donnant une voix aux sans-voix et en s’assurant que la majorité en place ne bafoue jamais les droits des minorités. C’est aussi cela le rôle des journalistes, consolider les victimes et affliger les bourreaux.

Quoi qu’il en soit, le rôle essentiel des journalistes au sein d’une société libre est la même depuis des générations. À l’occasion de la célébration d’une telle journée comme celle de la Liberté de la Presse, et dans un contexte de fin de règne, comme celui que traverse le Cameroun, le ministère de la communication a son rôle à jouer. Dans cet objectif global du journaliste, celui de fournir au citoyen l’information exacte et fiable dont il a besoin pour fonctionner dans la société libre où il se retrouve.

C’est donc dans ce sens que s’inscrit l’initiative de mobilisation et actualisation des connaissances initiée par le Syndicat National des Journalistes du Cameroun du côté du bois Sainte Anastasie de Yaoundé, afin de pallier à ce vide. Où hommes et femmes de média ont pu tout au moins se retrouver ensemble, le temps d’une activité didactique, et  jauger les défis et challenges qui les attendent dans ce vaste chantier de construction de la démocratie. Bien qu’au cours de ces activités, chose qu’il convient de déplorer, la dernière articulation, visite des confrères en détention à la prison centrale de Kondengui, n’a pu se tenir, faute d’une autorisation à la presse servi par les autorités compétentes.

C’est le contre-pied des allégations selon lesquelles la presse camerounaise est libre. Difficile d’affirmer que les travailleurs du secteur de la presse exercent en toute autonomie et sécurité. Nombreux sont ceux sur qui pèsent une sorte d’épée de Damoclès en ce moment, soit du fait de leurs écrits, soit pour avoir porté sur la place public des informations ayant trait à cette triplace que constitue la sécurité, la crise dite anglophone, et l’affaire du Mrc ou post-électorale. L’information, la vraie est désormais la chose la moins partagée. Tant elle est proche du journaliste, mais loin de l’opinion. Et pour cause il devient difficile pour ces acteurs de parler des faits, quand bien même ces derniers seraient à porter de mains.

C’est dans ce sens qu’afin de sensibiliser la presse sur son rôle d’acteur de premier ordre au sein d’une société démocratique, le Syndicat National des Journalistes du Cameroun a pris sur lui en solitaire, d’organiser toute une série d’activités dans le cadre de la célébration de la Journée Internationale de la Liberté de la Presse. Laquelle se commémore sur le plan universel le 03 Mai de chaqu’année. Afin que la communauté toute entière œuvre de manière concertée pour une Presse plus libre, pour l’épanouissement des peuples.

Le contexte actuel s’y prête, marqué par la crise post-électorale, elle-même sous-jacente à une autre dite crise anglophone. Doublée des effets d’un climat d’interdiction à manifester, d’une réduction claire du champ des libertés, le journaliste est en situation dans son temps. Et ce, depuis la proclamation de l’élection présidentielle du 07 septembre 2018. L’atmosphère s’est davantage crispée avec l’arrestation en février 2019, du leader du parti Mrc Maurice KAMTO en compagnie de près de 200 cadres et sympathisants de sa formation politique.

C’est donc dans ce contexte précis que la presse camerounaise, aujourd’hui divisée a célébré le 03 Mai 2019, la journée mondiale de la liberté de la presse. Une journée mondiale de la presse libre, pour une société encore plus libre.

 

© Thierry Eba

 

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