Commercialisation du riz de la SEMRY au Cameroun : L’élaboration des stratégies au cœur d’une concertation
La commercialisation du riz de la SEMRY préoccupe davantage le gouvernement. Le Ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a présidé le 22 août 2019 à Yaoundé la réunion de concertation sur les stratégies de commercialisation du riz avec les autres acteurs de la filière.
La consommation nationale est estimée à 550 000 tonnes de riz par an. Les disponibilités de la Société d’Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua (SEMRY) sont à hauteur de 74,96 tonnes. Cette production ne répond malheureusement pas à la demande nationale sans cesse croissante, qui par conséquent a une forte propension à se tourner vers les importations pour combler ce déficit. Ces importations de riz déséquilibrent la balance commerciale du Cameroun et rend l’économie nationale morose.
Les disponibilités dans la SEMRY sont faibles et très en deçà des besoins
C’est fort de ce constat que le Ministre du Commerce, les responsables de la SEMRY, du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER), et le représentant du Groupement des Importateurs du Riz, se sont concertés pour l’adoption de nouvelles stratégies pouvant booster la production en riz et promouvoir la consommation locale. Luc Magloire Mbarga Atangana réitère d’ailleurs cet engagement : « Je rappelle que la consommation nationale est de 550 000 tonnes de riz. Nous avons donc voulu savoir quelles étaient donc les disponibilités de la SEMRY pour envisager la meilleure stratégie possible par rapport à la problématique des importations qui est un vrai souci pour le Gouvernement, pour notre économie, pour le trésor public. Des éléments de la discussion, il ressort qu’en l’état, les disponibilités dans la SEMRY sont faibles et très en deçà des besoins ».
Les responsables de la SEMRY et du MINADER ont fait état des difficultés rencontrées et qui mettent à mal la production du riz camerounais et sa consommation locale.
Le coût de production du riz est élevé au Cameroun. Car, les producteurs ne reçoivent aucune subvention. Le kilogramme de riz sortie-usine de la SEMRY est de l’ordre de 480FCFA, or le riz importé de base est à 350FCFA le kilogramme sur le marché. De plus, transporter un sac de riz du site de production vers la Capitale coûte énormément cher. La SEMRY décrie la perte d’une valeur de 8000FCFA par sacs de riz.
Cette situation dégradante va sans doute amener les responsables de la filière à développer une stratégie de proximité, c’est-à-dire conquérir progressivement le territoire en privilégiant les alimentations proches des bassins de production.
Jusqu’en 2015, presque l’intégralité du riz camerounais était vendue au Nigéria. Mais les importations ont cessé en raison de l’intensification de l’insécurité liée à la guerre Boko Haram dans la zone. Une situation qui a inévitablement engendré une baisse considérable du chiffre d’affaires.
La production dérisoire et la non consommation locale de celle-ci du fait des prix très peu compétitifs sur le marché ont poussé le Cameroun à importer en 2017, 800 000 tonnes de riz pour plus de 150 milliards FCFA.
Des propositions de stratégies de commercialisation ont été envisagées par les divers acteurs concernés au cours de cette réunion. Il s’agit notamment : de la mise en place d’un mécanisme de taxation du riz importé, de la consécration d’une journée nationale du riz, de la subvention des producteurs.
Selon le gouvernement, ces propositions permettront à la SEMRY d’atteindre ses prévisions projetées en 2020. « En ce qui nous concerne à la SEMRY nous encadrons les producteurs sur une superficie de 11 500 hectares. Si toutes les conditions sont réunies, les riziculteurs de la SEMRY peuvent produire 100 000 tonnes de paddy soit environ 70 000 tonnes de riz », nous révèle le Directeur Général de la SEMRY, Fissou Kouma.
© La Voix Des Décideurs ǀ Amandine Ngogang
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