Géopolitique – Marche du monde : Le député camerounais  Joseph  Kankeu parle de la chute de  Mohamed  Morsi en  Egypte

Dans une tribune libre  accordée par le journal panafricain La Voix Des Décideurs, le  professeur Joseph  Kankeu, député à l’Assemblée Nationale camerounais,  est claire à tirer de la chute de  Mohamed  Morsi, en  Egypte , Faisant une analyse  froide de la marche du monde, le professeur d’université qui pense que « le  monde  est  devenu  de  plus en  plus compétitif et  instable », aborde entre autres , la question écologique, le djihad,  la crise des démocraties, la crise de l’école, la crise ukrainienne, de la Russie , du Cameroun qui  semble « glisses  vers  l’inconnu » et   ne  plus maîtriser son destin ».

 

  LE  MONDE  DANS  LEQUEL  VOUS ENTREZ.

Par  le  Pr  Joseph  KANKEU, Député de  la  nation.

 

Depuis  la  chute du mur de  Berlin en  novembre  2009 et  l’effondrement du bloc  communiste, le  monde  s’est  profondément  transformé  avec  chacun  de  ses acteurs. Dans  chaque  pays, la  société  a évolué  plus vite  que  les  Institutions. Le modèle  occidental d’une  économie  libérale  fondée  sur  les valeurs  démocratiques,  naguère  incontesté,  fait  face  à  l’émergence   de  la  chine et de  la crise  financière  de  2008. Non seulement, cette  chine  offre  le  modèle  d’une  puissance   autoritaire  économiquement  efficace,  mais  aussi,  la crise  financière  mondiale  montre  les  limites du  libéralisme  financier. Les  pays  occidentaux  s’accrochent  à leurs  prérogatives  acquises  à la faveur  de  la seconde  guerre  mondiale,  tant dis que  les  puissances  émergentes  non seulement  ne  constituent  pas  un  bloc  homogène, mais  ont chacune, des défis  propres  à relever . Ni  la  « fin  de  l’histoire »  prévue et  annoncée  par Francis  FUKUYAMA , ni  le  « nouvel ordre  mondial »  du président George  Bush, n’ont  pas  véritablement vécu. Nous  assistons  finalement  à  un  choc de  civilisations.

Nous  assistons  aussi  à  un retour de  la  pratique des religions, souvent  utilisées  pour   exacerber  les rivalités  ethniques.

 

« la chute de  Mohamed  Morsi, en  Egypte , a  apporté  la  preuve  que  l’ « islam  politique », en tant  que  mode de gouvernement,  n’est  pas  la solution  comme tentaient à le démontrer  les  Frères  musulmans. »

Le  printemps  arabe  qui  a secoué  la  rive  sud  de  la  Méditerranée est  venu  éclairer  la  question de  la religion et de  la démocratie  sous  un  nouveau  jour. Toutefois,  la chute de  Mohamed  Morsi, en  Egypte , a  apporté  la  preuve  que  l’ « islam  politique », en tant  que  mode de gouvernement,  n’est  pas  la solution  comme tentaient à le démontrer  les  Frères  musulmans.  Les  convulsions  égyptiennes  prouvent  que  la  démocratie  ne  peut  se  limiter   à  l’organisation  d’élections  parlementaires  ou  présidentielles. Une   démocratie  sans  démocrates,  cela  n’a  pas de sens. Le  monde  musulman  peut-il  se  moderniser  sans   « s’occidentaliser » ?  La question est  ouverte.

Depuis  1978 que  Deng Xiaoping  a  lancé son  pays sur  la voie de  l’enrichissement et du  développement avec,  aujourd’hui, des  résultats  remarquables, on  constate  que  la Chine  se  modernise  sans  s’occidentaliser. Des  centaines  de  millions de  Chinois  sont  tirés   de  la  pauvreté. L’exemple  Chinois  suscite  admiration et  intérêt, surtout  dans  notre  pays.

 

« La Russie de  Vladimir  Poutine est engagée dans  une  voie  où   le   nationalisme  et la défense  acharnée des  intérêts  particuliers de  Moscou  l’emportent  sur  la volonté  de  cogérer un système  international »

 

Nous  sommes  à la croisée des  chemins. Devons-nous  privilégier  le  développement  économique  sans  s’embarrasser  des contraintes de  la  démocratie ? Ajouter  une  bonne dose  d’autoritarisme au  libéralisme de  nos  démocraties , est-ce  vraiment  la solution  pour  lever  les  blocages  auxquels  nous sommes  confrontés ? La crise  en  Ukraine  a  montré  une  autre  alternative  au  mode  de  gouvernement  occidental fondé sur  la  liberté et  la tolérance. La Russie de  Vladimir  Poutine est engagée dans  une  voie  où   le   nationalisme  et la défense  acharnée des  intérêts  particuliers de  Moscou  l’emportent  sur  la volonté  de  cogérer un système  international. Les relations   internationales  deviennent dès  lors  complexes.

Le  monde  est  devenu  de  plus en  plus compétitif et  instable. Il  y a  une absence  de  consensus  sur  la direction que  prend  la  planète terre. Une  planète  faite de  flux  de  marchandises, d’hommes, d’argent,  de recherches  partout et en  permanence.

« Le Cameroun est  malheureux de ce  qu’il  devient  et  du  sentiment  qu’il  glisse  vers  l’inconnu,  qu’il  ne  maîtrise  plus son destin »

 

Le Cameroun est  malheureux de ce  qu’il  devient  et  du  sentiment  qu’il  glisse  vers  l’inconnu,  qu’il  ne  maîtrise  plus son destin.  Pour autant,  peut-on  remplacer  ce  monde  tel qu’il  va ?  Nous  ne  le  croyons  pas. Mais  on  peut  le  changer  en  profondeur  si  l’on  décide d’en comprendre  la  dynamique  propre . Les  contours  de  notre  civilisation ne sont  plus  un seul  pays,  mais  le  monde . Ce  qui  n’est  pas toujours  négatif. Des  milliers de  nos  compatriotes sont  installés  à l’étranger  où  ils travaillent.

Certains  travaillent  dans  des  entreprises  étrangères  installées  au Cameroun et  plusieurs  autres  vivent  grâce  à  l’exportation. Il est  donc difficile de   prétendre sortir de cette  mondialisation  pour vivre  mieux. Ce grossier  mensonge  ferait  encore  plus de  victimes  camerounaises. Nous  devons vivre dans  la  perspective du  progrès  qui, seul  , peut  créer  un  horizon  psychologique viable. Il  y a  du  bon dans cette  civilisation  monde. Un  monde en  pleine   crise  (première  partie), mais  un  monde  en  pleine  transformation ( deuxième  partie).

 

La suite  dans nos prochaines parutions.

 

 

 

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