Dialogue National : Le FDC fait 10 propositions et appelle à l’instauration d’un cessez-le-feu
Le Front des Démocrates Camerounais ( FDC) appelle à un l’instauration d’un cessez-le-feu , la désignation d’un Grand Médiateur pour conduire le Grand Dialogue National et à la libération ou amnistie de certaines personnes détenues et/ou condamnées dans le cadre de la crise dite anglophone. Le président exécutif de ce jeune parti d’opposition Emilien Denis Atangana a rendu publique ce 18 septembre 2019 la contribution, au grand dialogue National, de cette formation politique qui se décline sur 11 propositions.
Les 8 autres propositions.
PROPOSITIONS DU FRONT DES DEMOCRATES CAMEROUNAIS (FDC) POUR LE GRAND DIALOGUE NATIONAL INCLUSIF AU CAMEROUN EN 2019
Dans le cadre du Grand Dialogue National convoqué par le Président de la République du Cameroun et dont l’organisation a été par la même circonstance confiée au Premier Ministre Chef de Gouvernement, le parti politique Front des Démocrates Camerounais vient par la présente adresser ses propositions pour contribuer à son succès sous toutes réserves et à la Résolution profonde et durable des graves problèmes auxquels notre pays est actuellement confronté. Nos dix propositions minimales sont adressées aussi bien au Président de la République qui est l’Initiateur de ce Grand Dialogue National, qu’au Premier Ministre Chef du Gouvernement qui en a la charge de l’Organisation pratique et opérationnelle, aux acteurs de la Société Civile, aux Responsables des Partis Politiques de toutes obédiences idéologiques ainsi qu’au Peuple Camerounais tout entier.
Il s’agit entre autres de :
1-Cessez-le-feu et le dépôt des armes en zones anglophones par les différents belligérants (Bandes armées séparatistes et Armée régulière).
1-Cessez-le-feu et le dépôt des armes en zones anglophones par les différents belligérants (Bandes armées séparatistes et Armée régulière).
Il n’est pas envisageable que les armes continuent à crépiter dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest pendant que cette grande rencontre se tient à Yaoundé. Il est urgent que le gouvernement prenne des dispositions et mette dans les conditions idoines pour que les séparatistes armés déposent effectivement les armes d’une part, et que les forces de défense et de sécurité reviennent à leurs missions régaliennes de protection de populations, des institutions et du territoire de la République.
2-Libération ou Amnistie de certaines personnes détenues et/ou condamnées dans le cadre de la Crise Anglophone.
2-Libération ou Amnistie de certaines personnes détenues et/ou condamnées dans le cadre de la Crise Anglophone.
Il est souhaitable que certaines personnes détenues et ou/condamnées dans le cadre de la crise qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest bénéficient d’un arrêt de poursuite, d’une grâce présidentielle ou d’une amnistie générale. L’idéal serait que toutes ces personnes soient traitées au même titre, mais la justice pourrait se saisir et connaitre de certains cas particuliers dont la gravité s’apparente clairement à des actes de crimes de guerre, de génocide ou de crimes contre l’humanité. De même qu’il est souhaitable que les mis en cause qui auront accepté de se repentir et de demander pardon à leurs victimes ou à la Nation puissent bénéficier d’un certain niveau de clémence raisonnable sans que cela soit assimilé à une prime à l’impunité.
3-Libération ou Amnistie de toutes les personnes détenues et/ou condamnées dans le cadre de la Crise Postélectorale au Cameroun.
3-Libération ou Amnistie de toutes les personnes détenues et/ou condamnées dans le cadre de la Crise Postélectorale au Cameroun.
Trop de personnes, y compris des leaders des partis politiques et leurs alliés impliqués dans l’élection présidentielle du 07 Octobre 2018 ont été arrêtées, emprisonnées, jugées et condamnées pour certaines dans des conditions absolument arbitraires, illégales et grossièrement discriminatoires, et ce à la suite des contestations postélectorales dont l’intensité ou la gravité ne sauraient être considérés comme une menace certaine à la paix, à la sécurité, à l’unité du paix et à la stabilité des institutions de la République. Un traitement disproportionné de cette situation de crise postélectorale ne saurait contribuer à apaiser durablement la situation sociopolitique actuelle.
4-Débat sur la Forme de l’Etat (après avoir fait le Bilan de l’Etat Unitaire Décentralisé sous le Régime actuel) et Adoption de la nouvelle forme de l’Etat.
4-Débat sur la Forme de l’Etat (après avoir fait le Bilan de l’Etat Unitaire Décentralisé sous le Régime actuel) et Adoption de la nouvelle forme de l’Etat.
Que le Cameroun reste dans la forme actuelle fondée sur un Etat Unitaire décentralisé ou évolue vers une autre forme qui préserve son unité territoriale, il est urgent que cela fasse l’objet des discussions franches et constructives lors de ce Grand Dialogue National. De notre point de vue, la seule option qui est fortement exclue est celle de la Sécession ou de la Partition qui s’est malheureusement invitée dans les revendications corporatistes en zones anglophones pour les dénaturer et créer cette malheureuse crise qui perdure. On ne peut pas quitter cette salle du Grand Dialogue National sans même toucher et réviser minimalement ce processus de décentralisation qui est grippé depuis 1996 pour des raisons jusque-là inavouées et incompréhensibles pour l’écrasante majorité des Camerounais. Il s’agit d’une exigence constitutionnelle vieille de plus de 23 ans qui n’a plus sa place dans les tiroirs des administrateurs publics et des fonctionnaires moulés à ce jacobinisme anachronique.
5-Organisation de la Grande Conférence de la Diaspora Camerounaise.
5-Organisation de la Grande Conférence de la Diaspora Camerounaise.
Les Camerounais de l’étranger prennent une part de plus en plus importante dans la vie sociopolitique, culturelle, économique et diplomatique du Cameroun. Cette diaspora semble pourtant en rupture avec le pays depuis de longues années et cette crise de confiance s’est renforcée et confirmée lors du dernier séjour du Chef de l’Etat camerounais à Genève en Suisse. Que cette diaspora soit frondeuse, docile, alignée ou patriote, proche du parti au pouvoir ou de l’opposition, il est temps qu’elle se sente prise en compte dans la construction de la paix, de l’unité et du développement du Cameroun. IL est temps que la question de la double nationalité soit définitivement résolu pour ne plus peser comme une Epée de Damoclès discriminatoire sur la tête de ces Camerounais qui ont choisi, parfois malgré eux et à leurs risques et périls, d’aller chercher vie et fortune hors des frontières du Cameroun.
6-Application de l’Article 66 de la Constitution relatif à la Déclaration des Biens des Gestionnaires des Fonds Publics au Cameroun.
6-Application de l’Article 66 de la Constitution relatif à la Déclaration des Biens des Gestionnaires des Fonds Publics au Cameroun.
Le respect et l’application des dispositions parfois très pertinentes de la constitution du 18 janvier 1996 ne sauraient continuer à être discriminatoire et sujette aux humeurs personnelles et aux intérêts partisans et égoïstes de certains Camerounais. Cet Article 66 portant sur la Déclaration des biens des Gestionnaires des Fonds Publics avant et après leur prise de fonction avait et a toujours pour but de protéger de façon préventive et dissuasive les ressources publiques contre les risques de détournements de plus en plus massifs qui mettent gravement à mal la construction de l’édifice national et le bien-être des populations. Il est temps que les autorités chargées de le mettre en marche prennent leurs responsabilités, au risque d’être considérées comme complices, acteurs ou receleurs du grand bradage des ressources publiques d’un pays poussé au bord du précipice de la Pauvreté et de l’indigence et de la mendicité.
Grand Dialogue National : Akéré Muna recommande la retransmission en direct des échanges
7-Inventaire de la Lutte contre la Corruption et les Détournements de Fonds publics au Cameroun.
7-Inventaire de la Lutte contre la Corruption et les Détournements de Fonds publics au Cameroun.
La non application de l’article 66 de la constitution et le règne de l’impunité généralisée ont très sérieusement contribué à faire le nid de la corruption et des détournements massifs et inadmissibles des deniers publics au Cameroun en particulier au cours de ces 25 dernières années. La croisade contre ces fléaux ne semble plus tenir la promesse des fleurs malgré les arrestations, les incarcérations, les jugements et les condamnations parfois théâtrales de certains gestionnaires de la fortune publique. L’Opération Epervier ressemble de plus à un véritable leurre qui ne semble pas avoir dissuadé les Grands voleurs qui continuent à saigner la République au milliard de FCFA. Il est temps qu’on fasse le Bilan de cette Opération Epervier qui semble avoir subrepticement glissé sur le terrain de règlements de comptes personnels et politiques à plusieurs facettes et vitesses.
8-Réforme consensuelle du Code Electoral et d’Elections Cameroon (ELECAM)
8-Réforme consensuelle du Code Electoral et d’Elections Cameroon (ELECAM)
La dernière consultation électorale portant sur le scrutin présidentiel, et la contestation postélectorale ont clairement donné à penser que le jeu électoral au Cameroun est faussé et injuste d’une élection à l’autre. La fraude électorale, orchestrée de façon parfois condescendante et impunie par le parti au pouvoir, est devenue la règle dans la compétition électorale dont il sort vainqueur de façon automatique et avec des scores à la soviétique depuis 1997. Ceci est dû à un Code Electoral qui est non seulement taillé à la mesure du parti au pouvoir, mais qui est en plus constamment violé dans ses dispositions les plus banales en matière de conduite du jeu électoral au Cameroun. ELECAM qui est en charge de l’organisation des compétitions électorales au Cameroun est loin de rassurer les acteurs et les électeurs non seulement de par sa composition ouvertement partisane, mais en plus en raison de son incapacité à se départir des intérêts du parti au pouvoir qui l’a constitué. Il est temps qu’Elecam devienne un véritable organe indépendant de l’organisation du processus électoral jusqu’à la proclamation des résultats.
9-La Désignation d’un Grand Médiateur pour conduire le Grand Dialogue National et veiller à la mise en œuvre de ses résolutions.
9-La Désignation d’un Grand Médiateur pour conduire le Grand Dialogue National et veiller à la mise en œuvre de ses résolutions.
L’expérience et le bon sens nous apprennent qu’il est extrêmement difficile d’être juge et partie dans un conflit ou dans une situation de règlement de conflit de quelque nature que ce soit. Malheureusement, la désignation par le Chef de l’Etat du Monsieur Joseph DION NGUTE comme Chef d’orchestre de ce Grand Dialogue National pose objectivement un problème d’impartialité dans le contexte camerounais actuel. Non point que nous doutions de son intégrité (bien qu’étant Chef du Gouvernement qui est en grande partie responsable des problèmes qui seront au centre des débats), mais que nous redoutions naturellement des pressions de toute nature dont il peut être l’objet dans l’élaboration du format, le choix des parties prenantes, la conduite des travaux, l’adoption et la mise en œuvre des résolutions. Nous demandons qu’un Médiateur national ou international Neutre soit désigné pour conduire les travaux de ce Grand Dialogue National afin d’en garantir l’Impartialité, la Sérénité et la Crédibilité.
10-Mise sur pied d’une Commission Permanente Mixe du Suivi et de la Mise en Application ou en Œuvre des Résolutions du Grand Dialogue National.
10-Mise sur pied d’une Commission Permanente Mixe du Suivi et de la Mise en Application ou en Œuvre des Résolutions du Grand Dialogue National.
Le Cameroun a la triste réputation nationale et internationale de ne respecter ni ses propres lois, ni respecter les traités ,conventions internationales et mettre en œuvre les résolutions qu’elle a réussi à adopter lors de différentes consultations. L’expérience de la Tripartite de Novembre 1991 revient dans les mémoires des Camerounais pour rappeler qu’il ne sert à rien de se retrouver, discuter, dialoguer, s’entendre sur un minimum consensuel de décisions exécutoires et les ranger dans les tiroirs des administrations, alors que les problèmes que ces rencontres étaient sensées résoudre restent entiers et s’aggravent même dans beaucoup de cas. Cette culture de l’esbroufe est contre-productive et nous ramène toujours à la case-départ tandis que les autres nations avancent avec un minimum de sincérité politique. Il est donc urgent qu’une véritable Commission Permanente Mixe du Suivi et de la Mise en Application ou en Œuvre des Résolutions du Grand Dialogue National pour que celui-ci serve enfin à sortir le Cameroun de l’impasse qui n’a que trop duré. C’est la seule condition à remplir pour créer la confiance avant l’ouverture de ce Grand Dialogue National et donner une crédibilité aux résolutions qui vont en sortir au soir du 04 Octobre 2019.
11-Mise sur pied d’une Commission Vérité-Réconciliation-Reconstruction.
11-Mise sur pied d’une Commission Vérité-Réconciliation-Reconstruction.
Notre pays a traversé tellement de crises multiformes qu’il est temps de s’arrêter, s’asseoir, discuter, échanger, se dire des vérités même si elles sont dures, reconnaître les fautes des uns et des autres, se pardonner et oublier si possible. Aucune confiance ne peut être renouée sans cet immense exercice d’exorcisme collectif qui doit aller au-delà du grave problème anglophone actuel, pour toucher en profondeur d’autres situations critiques actives ou latentes dans diverses localités et régions de cette grande Afrique en miniature qu’est le Cameroun. Le Cameroun ne peut pas se reconstruire sans la Vérité et le Grand Pardon. Les plaies sont ouvertes et très profondes dans les cœurs de diverses composantes sociologiques, politiques, idéologiques ou professionnelles. L’apparente sérénité passagère masque assez mal un volcan qu’il vaut mieux éteindre avec la parole de la Vérité et du Pardon. Ceci ne peut être fait que dans le cadre d’une Véritable Commission chargée de :
– faire cette Vérité sur certaines questions brûlantes passées, récentes ou actuelles ;
– Amener les Camerounais de divers niveaux de pouvoir et de Responsabilité à se réconcilier et à se Pardonner;
-Lancer les bases plus saines d’une Véritable Reconstruction Nationale sur le plan social, culturel, diplomatique, politique et économique.
Telles sont les 10 principales contributions du Parti Politique dénommé Front des Démocrates Camerounais au Grand Dialogue National.
Vive le Cameroun !
Fait à Yaoundé, le 18 Septembre 2019
Le Président National
Emilien Dénis ATANGANA