Editorial ► Un faux panafricaniste nommé Obiang Nguema Mbassogo

Depuis un certain temps, le panafricanisme subit durement les travers que lui dictent certains despotes pour berner les peuples. Le cas Theodoro Obiang Nguema Mbassogo de la Guinée Equatoriale en est la parfaite illustration.

Pauvre est très dangereux, avait chanté l’artiste, précisant sa pensée, il affirmait que c’est quand pauvre a réussi qu’on voit son vrai visage. La navrante preuve de cette observation nous est présentée de nos jours par celui qui arborait hier seulement, le manteau d’un cacique pur et dur du panafricanisme. Très fortement soutenu par l’ensemble des Africains soucieux de la libération de leur continent du joug colonial, il était presque adulé et vanté comme un modèle par un consultant d’origine belge, du média panafricain « Afrique Média », le nommé Luc Michel. Ce dernier devrait ravaler son hypoglosse à la présente heure, tant Obiang Nguema Mbassogo a fait tomber brutalement son masque.

Pourtant encore fraîche dans les mémoires et comme pris d’amnésie, le potentat a vite oublié ce passé récent où son rejeton, Theodorin Obiang Mangue, à qui il réserve le pouvoir au jour de sa retraite, était poursuivi par la justice française sous les chefs d’accusation de détournement des fonds publics et recel des biens sociaux dans son pays. Il jouissait alors du soutien populaire de tous les panafricanistes qui estimaient, à raison certainement, que l’action de la justice française était fondée sur des arguties. Ils tiraient alors la légitimité de leur opposition sur le fait que c’est l’Etat français qui était le véritable receleur de ces biens constitués des limousines aux prix exorbitants, des villas cossues et de l’hôtel Georges cinq situé à Paris. Tous ces biens étaient achetés et hébergés en France. De sombres tractations de couloir avaient à coup sûr fini par avoir raison des velléités de cette institution, laquelle agissait de ce qui précède, sous l’impulsion des politiciens de ce pays.

Depuis lors, le naturel a repris droit de cité dans l’esprit dérangé de l’autocrate. Le putschiste de 1979 avait réalisé un parricide en assassinant son oncle Mathias Nguema, et s’était emparé du pouvoir qu’il tient d’une main de fer. Dire à Dieu au panafricanisme ne lui pose plus aucun problème, encore moins de scrupule. Nous ne sommes non plus à l’ère où il quémandait la générosité du Cameroun pour sa survie. Pauvre croit maintenant avoir réussi, parce que les fils de l’oncle Sam viennent ravager le pétrole de son îlot en contrepartie de quelques pétrodollars. Le nègre de salon croit être arrivé au perchoir de la sous-région Afrique centrale. Mais à quoi peuvent bien servir des pétrodollars entre les mains de personnes insensées, victimes de la fortune qu’elles dilapident stupidement, sinon à s’offrir des châteaux cossus que même les Cheiks des monarchies pétrolières du Golfe persique se refusent par respect pour leur peuple. Le petit nègre d’Afrique centrale au centre du golfe de Guinée se croit au paradis, et s’adjuge comme premier ennemi, la main qui l’a nourri hier.

Ainsi, à l’heure où il est question que les Etats africains ressoudent leurs liens de fraternité afin de faire front commun dans le choix de leurs futurs partenariats face à un monde en cours de réinvention, l’Afrique centrale brille par les clivages perpétrés par cet individu obscur et inapte à la perception des enjeux géostratégiques en cours. On peut concéder à Obiang Nguema son incurie et son analphabétisme, l’instruction scolaire lui ayant obstinément échappé au profit de la xénophobie et de la violence qu’il indique à ses concitoyens contre les Camerounais pour les distraire de sa gabegie. On peut tout aussi bien comprendre qu’il végète intellectuellement, il reste néanmoins difficile de comprendre qu’il ne puisse trouver dans son micro-Etat, un citoyen capable de lui faire entendre raison.

En construisant bêtement le mur de la honte qui sépare le Cameroun de la Guinée Equatoriale, et en empiétant sur une profondeur de 6 kilomètres le puissant triangle national auquel il doit sa survie pendant sa période des vaches maigres, l’escroc qui trichait avec le travail intellectuel et les finances du groupe Jeune Afrique Economie en 1990 prouve qu’il ne dispose d’aucun moyen pour s’apercevoir qu’il se tire une balle dans le pied. Qui tue par l’épée péri par l’épée. Où ira-t-il le jour où un brave soldat Equato-guinéen lui fera payer le crime qu’il commit naguère sur son oncle, il y a de cela 41 ans ? 

 

Du reste, le triste comportement de certains « leaders » africains qui revendiquent le panafricanisme a épousé les contours d’une panacée. Nos dirigeants qui sont pour la plupart des suppôts du néocolonialisme vont acquérir le pouvoir auprès de l’Occident dont ils s’engagent à protéger et promouvoir les intérêts économiques dans les colonies que sont nos pays. C’est souvent le moment des grands amours et des fastes, pendant lequel le panafricanisme est ennuyeux. Mais l’ogre occidental est tellement vorace et insatiable que le monde entier ne peut lui suffire. Les moments de faste qui précèdent les désamours sont donc si brefs que les embarras s’installent à peine le pouvoir conquis. C’est alors que le vassal s’aperçoit de l’importance du panafricanisme. Puis, aussitôt le répit revenu, toutes les bonnes paroles s’évanouissent.

C’est dans ce cirque ridicule que baigne le despote de la Guinée Equatoriale, qui rame à contre-courant de l’intégration sous régionale, dont l’objectif consiste à faire tomber les barrières économiques en favorisant la libre circulation des personnes et des biens. Cet idéal qui se réalise en Afrique de l’ouest demeure malheureusement une vue de l’esprit pour un analphabète, inapte à en percevoir l’importance. Seulement, l’on aura vu des Américains qui fuyaient leur pays à cause du Covid-19, repoussés de l’autre côté du mur par les Mexicains. Les faits servent à instruire les cerveaux bourrés d’a priori et de préjugés. Obiang Nguema Mbassogo ne perd rien pour attendre.

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