Abus en série à l’IRAD : Le Directeur Général traque des délégués du personnel

 

 

 

Ces porte-paroles du personnel sont victimes de leurs revendications pour un meilleur cadre de travail et du bien être des employés de l’institution. La Direction générale, pas favorable, les vire. Des licenciements qui au regard des dispositions légales en vigueur au Cameroun, s’avèrent porteurs d’un caractère purement abusif.

La présentation des observations et réclamations des salariés de l’Institut de recherche agronome pour le développement, Irad, auprès des instances dirigeantes d’une part, et d’autre part l’intervention auprès de l’inspection du travail s’il apparaît que la législation sociale n’est pas appliquée de manière satisfaisante, peut s’avérer dramatique pour un délégué du personnel. Une situation qui depuis quelques temps, connait un épilogue très loquace au quartier Nkolbisson, qui abrite l’Irad.

Le tintamarre qui se vit actuellement dans cette institution sous tutelle du Ministère de la recherche scientifique et de l’innovation, semble né depuis la prise des rennes par l’actuel Directeur Général, Noé Woïn. Ce qui était alors une véritable arche de Noé en constante construction pour les employés, s’est soudainement transformé en enfer progressif pour ces derniers.

Pis, depuis l’année 2018, le thermomètre n’a de cesse de grimper avec l’élection comme délégués du personnel, des candidats présentés sous la bannière de la Confédération des syndicats autonomes du Cameroun (Csac). Le 16 mars 2018, la décision n° 000005/IRAD/ DG/DRH/03/2018 portant publication des noms des délégués du personnel élus à la direction générale de l’Irad tombe et est affichée. La décision qui fait suite au scrutin tenu le 09 mars 2018, mentionne deux collèges électoraux. Le premier collège électoral a Monsieur Elouna Elouna Saturnin pour délégué titulaire, son suppléant étant Monsieur Nwatchok Bernard.

Quant au second collège électoral, plus dense, il est constitué de 03 délégués titulaires que sont Alfred Roudolphe Mandengué, Ze Michel Romuald et Patience Bongse Kari Andoseh, respectivement suppléés par Madame Bapack Paulette Huguette, Monsieur Fanga Sylvain et Madame Fonye Anita Kidzeru. Dans l’exercice de leurs fonctions syndicales, ils se heurtent au mur de pierre de la Direction générale qui ne loupe aucune opportunité pour asséner au personnel, et les délégués en particulier, des sanctions aussi arbitraire qu’incongrue.

 

 

Tout constat fait, une saisine du Délégué régional du travail et de la sécurité sociale du Centre est opérée par Jean Marie Ndi, le Président de la Csac par courrier n° 0218/CSAC/PDT/ SG/SAC /19 parvenu le 19 août 2019 sous le n° 4548, dénonçant la suspension arbitraire de certains personnels de l’Irad, qui sont syndicalistes et affiliés à cette corporation syndicale. De ces personnels, figure le délégué du personnel Nwatchok Bernard, agent d’appui à la Direction générale, qui alors réclamait son salaire dû au titre des mois de juin et juillet 2019.
Le cas Nwatchok
Nwatchok Bernanrd, à tord ou à raison, le 16 juillet 2018, soit un an auparavant, avait été victime d’une « mise à pied » par le Directeur général, Noé Woïn. Un objet qui lui sera signifié à travers le courrier n° 000757/IRAD/DG/07/2018 avec pour argumentaire « le manquement aux articles 7 et 8.3 du règlement intérieur qui constitue une faute lourde, l’insubordination caractérisée, le manque de respect, les menaces et voie de fait envers tout supérieur ». Ce qui comme on peut le lire dans la même correspondance aurait été « niez » par l’accusé. Une négation de l’accusation qui est confirmé dans la correspondance de réponse à la demande d’explication du … produite par Nwatchok Bernard pour le fait à lui reproché et qui daterait du vendredi 06 juillet 2018.

Ancien d’église, il ne manque de préciser que ses convictions religieuses ne lui permettent ni de sacrifier ses collègues pour des intérêts égoïstes, ni d’insulter ou d’offenser volontairement son prochain. Ce qui ne va pas empêcher le Directeur général de porter atteinte à sa dignité, optant unilatéralement de le priver de son moyen de revenu. « Je suspends temporairement votre contrat de travail à travers une mise à pied disciplinaire de huit (08) jours avec une retenu de salaire correspondant aux journées non-travaillées ».

 

Affaire de rancœur ?
De sources concordantes, l’accusation serait partie du discours du 1er mai 2018, jour de la célébration de la journée mondiale du travail, délivré par le délégué du personnel Nwatchok Bernard, qui arborait sa casquette de porte-parole des délégués du personnel. Un discours très mal perçu et apprécié par le Directeur général Noé Woïn. Un discours trop loquace qui vaudra au porte-parole, la perte de son poste de Chef de bureau chargé de la discipline au sein de l’Irad, le 04 juin 2018. Il s’en suit la demande d’explication sus-évoquée le vendredi 06 juin 2018.

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Nwatchok Bernard, un mois jour pour jour, le 06 juillet de la même année, est manu militari trainé sous forte escorte au Commissariat de Nkolbisson où il est cuisiné, pour une affaire qui sur le principe, concerne tout le personnel de l’Irad. Un personnel qui, faut-il le noter, est alors en attente d’un statut devant lui garantir des avantages à l’instar de la couverture sanitaire qui y fait défaut. Entre-temps, le 12 juin 2018 le délégué du personnel Nwatchok se voit servir une note d’affectation.
Maquillage
Les frasques du Directeur général, tels que décriées et déplorées par le personnel et le milieu syndical, ont trouvé un terrain d’émergence en la mutation dans une carapace de la néo-légalité. En date du 15 janvier 2020, Noé Woïn, toute intension à peine voilée, engage un acte devant lui donner toute la légitimité nécessaire pour mettre hors d’état de nuire, celles des personnes qui oseraient vouloir se soustraire à l’inféodation qui prévaut à l’Irad, sous son magistère.

La décision n° 0000010/IRAD/DG/DRH/01/2020 portant création et organisation du Conseil de discipline à l’Institut de recherche agricole pour le développement, est sortie des tiroirs du Directeur général qui peine à mettre à son pas voulu ces syndicalistes qui désormais apparaissent tels des cailloux dans sa chaussure, voire des ronces dans son champ de blé. Un blé qu’il faut absolument moissonner peu importe les jérémiades des moissonneurs qui ne disposent ni d’outils adaptés, ni de protection adéquate, encore moins d’une garantie de soins mérités.

 

 

En finir
Le stratagème du Conseil de discipline mis en place à l’Irad, les effets ne se font pas attendre. Le Directeur général produit un note de service portant convocation dudit Conseil sous le n° 000035/IRAD/DG/ DRH/04/2020, pour le mardi 07 avril 2020 à 9H à la salle des actes de l’Irad. Note signé du Directeur général Noé Woïn, le 03 avril 2020.

Ledit Conseil permet au patron de l’Irad de frapper les délégués du personnel, Madame Bapack Paulette Huguette et Monsieur Ze Michel Romuald, de suspension de contrat de travail pour « insubordination caractérisée, manque de respect répété, menaces et voie de fait envers les dirigeants avec pour intention de les destituer, incitation du personnel à la désobéissance, perturbation volontaire du travail des employés ».

Des griefs présentés aux accusés dans des correspondances datant du 23 juin 2020, comme étant des fautes lourdes pour lesquelles l’avis motivé est le licenciement qui serait attendu « des autorités compétentes ». Desquelles est-il question ? La réponse demeure énigmatique. Dans ce lot de suspension, l’on note tout de même la « mise à pied de huit (08) jours allant du 29 juin au 07 juillet 2020 » servi au délégué du personnel Fanga Sylvain.

Dans le collimateur du Directeur général, d’autres délégués du personnel, 02 en particulier, fonctionnaires relevant du Code du travail, sont curieusement remis, le 07 avril 2020, à la disposition du Ministère de la fonction publique et de la réforme administrative, Minfopra, et de la tutelle technique qu’est le MINRESI, qui les avait affectés.

 

 

Tel est le cas de Monsieur Alfred Roudolphe Mandengué Doubé issue du recrutement spécial des 25 000 jeunes diplômés dans la Fonction publique, avait été affecté à l’Irad, par décision n°400008/D/MINRESI/B00/G00 du 25 janvier 2012 de Madame le Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation, le Docteur Madeleine Tchuenté.

Cependant, force est de se constater que ces délégués, fonctionnaires régis par le code du travail et qui sont encore en plein exercice de leur fonction de délégué du personnel, sont renvoyés de l’Irad vers le Miresi, par le Directeur général, au mépris de la législation, tel que prévu à l’Article 130 du Code du travail en ce qui concerne la fin du détachement d’un délégué du personnel.

Les revendications d’Alfred Roudolphe Mandengué Doubé, depuis le 10 juin 2020, sont portées par le Président Confédéral de la Csac auprès des autorités ministérielles et administratives compétentes.

Dans le même sens, le 03 juin 2020, Nwatchok Bernard a saisi le Délégué régional du travail et de la sécurité sociale pour le Centre pour arbitrage « pour suspension abusive de salaire ».  Au moment où nous allions sous presse, la Direction générale n’a toujours pas daigné répondre à notre protocole d’interview pour plus ample éclairage. Just wait and see.

© Eric Martial Ndjomo ►
La Voix Des Décideurs

 

 

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