Notre réponse à la pandémie de la COVID-19 doit être inclusive, voici pourquoi
Face face à la pandémie de la COVID-19 , Rajah Sy, Directrice nationale de Special Olympics Sénégal ” invite tout le monde à travailler ensemble pour veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte” .
À travers le monde, des personnes de toutes origines, nationalités et aptitudes ont été touchées par la COVID-19. Les mesures déployées par les gouvernements pour assurer la protection des populations ont conduit à un isolement de masse. Environ 15 % de la population mondiale, soit plus d’un milliard de personnes, a une forme de déficience. En Afrique, on estime que les personnes ayant une déficience représentent environ 10% de la population, mais cette part peut atteindre jusqu’à 20% dans les régions les plus pauvres.
Les personnes ayant une déficience sont souvent affectées de manière disproportionnée par les pandémies comme celle de la COVID-19. En effet, les obstacles au partage d’informations préventives et la dépendance vis-à-vis des autres peuvent mener à des difficultés à se protéger de manière adéquate. Les individus ayant une déficience intellectuelle sont par ailleurs plus susceptibles de contracter la COVID-19 et l’application des mesures préventives basiques comme le lavage des mains peut être compliquée. Même l’accès aux soins de santé peut s’avérer difficile, une situation aggravée par la pandémie de la COVID-19.
Les personnes ayant une déficience intellectuelle ont souvent des besoins de santé importants, ce qui signifie qu’elles sont plus susceptibles d’avoir besoin de soins, et en cas d’infection à la COVID-19, elles sont plus exposées au risque d’affections secondaires et de comorbidités. C’est pourquoi, lorsque nous parlons de réponses de santé publique, nous devons veiller à ce qu’elles soient inclusives. Chaque individu a des besoins de santé différents, et il est encore plus important de veiller à ce qu’ils soient satisfaits en temps de pandémie. Sans des politiques et des initiatives de santé publique inclusives et adaptées, les pays ne peuvent pas garantir la sécurité et la santé de leurs citoyens.
Lorsque je me suis portée volontaire au poste de Directrice nationale de Special Olympics Sénégal, il n’y avait que six athlètes. Depuis, le programme a connu une croissance exponentielle et nous comptons aujourd’hui plus de 3 000 athlètes et plus de 400 bénévoles et personnel d’appoint. Ensemble, nous brisons la stigmatisation autour de la déficience intellectuelle et atteindre ces objectifs n’aurait pas été possible sans le soutien de la société.
C’est pourquoi nous avons décidé de rejoindre la campagne « Restons prudents » (Stay Safe Africa en anglais) lancée par l’organisation à but non lucratif, basée à Dakar, de communication stratégique et de plaidoyer Speak Up Africa, dans le but de protéger les communautés contre la COVID-19 par la promotion de messages de prévention éprouvées. Ensemble, nous avons fourni 500 masques faciaux, conçus par la maison de mode sénégalaise Tongoro, visant à protéger nos athlètes, leurs familles et leurs entraîneurs.
Cette contribution a été vitale pour nous, car le virus de la COVID-19 se propage par des gouttelettes qui peuvent être facilement inhalées et les personnes ayant une déficience intellectuelle courent un risque encore plus grand de développer de graves complications suite à l’infection. Cette contribution a été d’autant plus appréciée qu’elle a permis de mettre en évidence les bonnes pratiques pour protéger les populations vulnérables.
Pour prendre soin de nos athlètes pendant cette période de confinement particulièrement difficile, nous avons organisé et promu des formations sur les méthodes de prévention, des panels de discussion sur le sport, la nutrition et l’hygiène menstruelle.
Des brochures rédigées dans un langage simple et contenant des conseils clairs sur la bonne façon de s’isoler ont également été distribuées. Qu’il s’agisse de montrer comment se laver correctement les mains ou de partager des informations sur la propagation de la COVID-19, ces brochures ont contribué à informer et à protéger nos sportifs. L’accès à des informations simples et claires sur la prévention, le confinement et les services publiques dans des formats divers et accessibles est la seule façon de s’assurer que tout le monde soit sensibilisé.
Un autre élément clé de nos efforts dans le cadre de la campagne « Restons prudents » concerne la poursuite de l’activité physique. Rester actif présente de nombreux avantages, tout particulièrement pour nos athlètes. Il a été prouvé que l’exercice régulier améliore le moral, de plus, maintenir une bonne forme physique est la première étape pour s’assurer que nous soyons capables de faire face aux maladies. Évidemment, c’est quelque chose que tout le monde devrait faire, pas seulement nos athlètes. En encourageant l’activité physique, même en période de confinement, nous veillons à ce que la santé reste une priorité.
Nous avons également organisé des défis sportifs autour des méthodes de prévention, notamment le défi « Restons prudents, restons actifs ». La participation à ces défis demandait des athlètes qu’ils se filment faisant du sport chez eux tout en suivant les mesures de prévention. Nous avons par ailleurs mené une enquête, auprès des familles, afin de comprendre clairement et précisément comment nos athlètes faisaient face au confinement et à l’interruption de nos programmes. Cette enquête a montré que de nombreux athlètes ont pris du poids pendant le confinement et qu’il est nécessaire de redémarrer leurs activités.
Il n’existe pas de réponse universelle. L’Afrique est un continent d’une grande diversité, avec des populations et des défis tout aussi variés. Des recommandations facilement suivies par certains, peuvent s’avérer impossibles à suivre pour d’autres. C’est pourquoi j’invite tout le monde à travailler ensemble pour veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. Les personnes ayant une déficience intellectuelle ne doivent pas être mises de côté, tout particulièrement lorsqu’elles sont les plus vulnérables. Nous devons veiller à ce que les groupes les plus démunis reçoivent l’attention dont ils ont besoin. Personne ne doit être oublié, surtout en temps de pandémie.