Le plaidoyer pour la prise en compte de l’approche genre est du ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille et Elecam appuyés dans cette bataille par l’ONU-Femmes. Prenant part aux travaux tenus pour la circonstance à Yaoundé le 09 septembre 2020, Angèle Meyanga, maire de la commune d’arrondissement d’Afanloum dans une interview accordée à votre journal, a souhaité que l’organe en charge des élections ne retienne que les listes qui tiennent compte du genre pour ce scrutin.
Nous sommes à la veille des régionales et l’on assiste à un plaidoyer pour la prise en compte de l’approche genre dans ces élections. Les femmes ne croisent pas les bras, vous continuez la lutte à ce niveau ?
Nous continuons le plaidoyer. Vous savez que ce n’est pas facile. Les hommes veulent tout prendre alors qu’en réalité, c’est la femme qui milite. Quand on parle de militant là, c’est la femme. C’est elle qui milite avec son cœur. Et lorsqu’il s’agit de partager le gâteau national, la femme est toujours combattue. Bon, maintenant je souhaite que l’ODD 05 soit respecté. Mais comme l’on sait que ça ne peut être respecté à 100%, qu’on nous donne même un pourcentage de 20%. Et 20% même, c’est déjà beaucoup parce qu’en tant que maire, nous n’avons que 10%.
Par rapport aux régionales, il faut bien qu’Elecam, l’organe en charge des élections au Cameroun, applique la loi. Si une liste n’a pas tenu compte du genre, qu’elle ne passe. Qu’elle ne soit pas prise en compte. Qu’elle soit simplement rejetée. Ce n’est qu’Elecam qui peut nous aider comme il l’a fait avec les députés. Pourquoi ne pas appliquer cette loi avec régionales ? Les maires, vous voyez qu’on est qu’à 10%. Il faut que la loi à deux vitesses soit évitée. Qu’on l’applique pour certains et pas pour les autres. Ce serait de l’injustice.
La femme n’est-elle pas son propre frein si déjà très peu s’impliquent véritablement à la chose politique ?
Non, ce n’est qu’une impression. Quand on voit le pourcentage des femmes en politique, vous vous rendez compte que, Ce sont les femmes qui militent plus par rapport aux hommes. La seule différence est que les femmes n’ont pas assez de moyens. Le pouvoir économique est détenu par les hommes. C’est ce manque de moyens qui fait que les femmes n’atteignent pas les objectifs escomptés. Vous ne pouvez pas faire la politique sans moyens d’accompagnement. Quand vous n’avez pas de moyens, vous êtes limités malgré l’ambition, malgré la volonté.
Lire aussi : Cameroun / Respect du droit à la vie des femmes : Le plaidoyer de la gent féminine
La culture joue aussi car, elle pèse sur la femme. Prenez simplement le cas du Grand Nord, la femme n’a pas droit à la parole. La preuve en est que, l’Extrême-Nord qui est un vivier politique, n’a pas de maire si je ne trompe. Vous comprenez que les femmes ont encore beaucoup de chemin à parcourir.
On continue la lutte, le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache. Moi, je demande aux femmes de continuer la lutte. Avec l’aide de Dieu et la volonté du Chef de l’Etat et du gouvernement, On va y arriver. Le Chef de l’Etat veut qu’on atteigne les objectifs mais il y a trop de pesanteurs.
Les régionales pointent à l’horizon. Nous avons des femmes à la fois chefs traditionnels et femmes politiques. Comment gérer ce cas de figure ?
Elles doivent choisir. En plus pour celles qui sont conseillères, je pense qu’elles peuvent aller voter. Je crois que la loi ne va pas l’interdire puisqu’elles ne peuvent que voter. Bon, au niveau des candidatures par les chefs traditionnels, combien de femmes sont cheffes traditionnelles de 1er ou de 2è degré ? Il y en a pas. Il n’y a que le 3è degré. Donc, elles sont là uniquement pour voter les autres. C’est une injustice à l’endroit des femmes.
Et c’est un problème ?
C’est même un préjudice. Ecoutez monsieur le journaliste, si on n’arrive pas à admettre la femme dans la vie politique qui est plus simple, combien de fois la tradition ? Je viens de le décrier. Et tout ça, c’est parce que l’homme fait et qui taille les lois à son profit. Je souhaite qu’on implique véritablement la femme dans le processus d’élaboration des lois. Que les femmes qui sont à l’Assemblée Nationale soient des femmes de poigne, tenaces et capables de dire non, cette loi ne passe pas. Il faut qu’elles soient aussi nombreuses pour y parvenir.
LIRE AUSSI : Scandale à la Fonction publique camerounaise : Joseph Anderson Lé recrute en catimini ?
L’autre problème c’est la femme elle-même. Les femmes ne s’aiment pas. Comme on le disait, les femmes ont 50% de responsabilité parce qu’elles ne s’aiment pas, ne s’accordent pas et ces femmes sont manipulées par les hommes.
Propos recueillis par Jean Baptiste Bidima