Les pays à faible revenu pourraient bientôt dépasser les pays à revenu élevé avec des technologies de la santé basées sur l’IA, selon un rapport soutenu par la Fondation Novartis et Microsoft
Le rapport utilise les meilleures pratiques actuelles en matière d’IA pour établir une feuille de route pouvant aider tous les pays à progresser vers la maturité de l’IA dans le domaine de la santé.
L’investissement dans les données et l’IA sera un outil clé pour améliorer les systèmes de santé pendant et après la pandémie de la COVID-19; les pays à faible revenu pourraient être les plus rapides à les adopter, en raison du manque de législation existante, mais ils ont le plus à perdre si les gouvernements n’investissent pas dès à présent; un tiers de la population adulte du Rwanda utilise déjà un service de conseil en santé numérique, tandis qu’une application mobile de diagnostic basée sur l’IA déployée pour la première fois en Tanzanie compte désormais 800 000 téléchargements; le rapport utilise les meilleures pratiques actuelles en matière d’IA pour établir une feuille de route pouvant aider tous les pays à progresser vers la maturité de l’IA dans le domaine de la santé.
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Les pays à revenu faible et intermédiaire pourraient bientôt dépasser les pays à revenu élevé dans leur adoption de nouvelles technologies de santé basées sur l’IA, selon un rapport dirigé par la Fondation Novartis et Microsoft .
Des technologies telles que les plates-formes mobiles d’échange, les services bancaires électroniques, le commerce électronique et même les applications de Blockchain ont souvent été adoptées plus rapidement et de manière plus complète dans les pays à revenu faible et intermédiaire que dans les pays à revenu élevé. L’adoption des technologies de la santé suivra probablement la même tendance, avec la transformation numérique accélérée par la pandémie COVID-19, selon le rapport « Réinventer la santé mondiale grâce à l’intelligence artificielle : la feuille de route vers la maturité de l’IA » (https://bit.ly/2R8wIQF).
La réduction des contacts entre les patients et les prestataires de soins en raison de la distanciation sociale a conduit à une croissance majeure des technologies telles que les diagnostics basés sur l’IA. Des millions de personnes supplémentaires ont recherché des solutions de soins de santé numériques, ce qui représente une formidable opportunité pour les pays d’intégrer les données et l’IA dans leurs systèmes de santé. Par exemple, le Rwanda est sans doute aujourd’hui le système de santé le plus connecté numériquement en Afrique, avec son service de conseil virtuel dépassant les deux millions d’utilisateurs (un tiers de la population adulte) en mai 2020. [1]
« De nombreux pays sont mal préparés à faire face à une nouvelle maladie émergente telle que la COVID-19, en plus du fardeau actuel des maladies infectieuses et de la marée toujours croissante de maladies chroniques. La technologie numérique et l’IA sont des catalyseurs essentiels pour repenser les systèmes de santé, afin qu’ils passent de la réactivité à la proactivité, puis à la prédiction et même à la prévention », a déclaré le Dr Ann Aerts, directrice de la Fondation Novartis et coprésidente du groupe de travail de la Commission sur le digital et l’IA dans la santé, qui a rédigé le rapport. La Commission a été créée en 2010 par l’Union internationale des Télécommunications (UIT) et l’UNESCO pour élargir l’accès au haut débit afin d’accélérer les progrès vers les objectifs de développement nationaux et internationaux.
« Nous devons développer un écosystème durable pour l’IA dans le domaine de la santé, dans les pays où elle est le plus désespérément nécessaire », a déclaré le Dr Aerts. « Cela doit se faire tout en garantissant l’équité et l’accès pour tous. Alors que les systèmes de santé se reconstruisent après la pandémie, l’innovation technologique doit être au cœur de l’agenda. »
L’Afrique subsaharienne représente actuellement 12% de la population mondiale mais fait face à 25% de la charge mondiale de morbidité, tout en n’abritant que 3% des agents de santé dans le monde.
On prévoit que la pénurie mondiale d’agents de santé, particulièrement grave dans de nombreux pays africains, atteindra 18 millions d’ici 2030. Cela renforce les arguments en faveur de l’investissement dans des outils d’IA de soutien, qui peuvent aider les infirmières et les agents de santé communautaires à diagnostiquer et à traiter les maladies traditionnellement vues par les médecins.
L’Afrique subsaharienne a déjà été le leader mondial de l’adoption de la technologie. « Ici, au Kenya, nous avons été parmi les leaders mondiaux dans l’adoption des services bancaires mobiles, qui ont ensuite été repris dans toute l’Afrique. Il n’y a aucune raison pour que cela ne se reproduise pas également avec les technologies de la santé », a déclaré Racey Muchilwa, responsable de Novartis Afrique Sub-Saharienne. « Comme le montrent les exemples du rapport, l’Afrique pourrait faire plus pour renforcer l’accès à l’expertise médicale en déployant des outils de soutien basés sur l’IA, parallèlement aux programmes de santé. »
L’IA renforce l’accès et améliore les résultats tout en réduisant les coûts, par l’identification des problèmes de santé potentiels avant qu’ils ne surviennent réellement. « L’IA peut avoir un impact important non seulement dans les pays à faible revenu, mais dans tous les systèmes de santé », a déclaré Paul Mitchell de Microsoft, qui a coprésidé le groupe de travail. « Il est clair que la COVID-19 entraîne un changement massif dans l’utilisation de la technologie dans le domaine de la santé. En quelques mois nous voyons arriver ce qui, à mon avis, devait arriver normalement après plusieurs années, voire des décennies. »
L’IA modifie déjà le fonctionnement des systèmes de santé dans les pays en développement. Dans les zones rurales du Rwanda, un médecin peut avoir accès à jusqu’à 60 000 personnes. Le gouvernement travaille avec un partenaire du secteur privé, Babylon Health, pour donner à chaque personne âgée de plus de 12 ans, un accès à des consultations de santé numériques. Plus de 30 pour cent de la population adulte du Rwanda s’est inscrite à ce programme. Le nouveau partenariat verra également l’introduction d’une plate-forme de triage et de vérification des symptômes, alimentée par l’IA.
En Inde, les hôpitaux utilisent l’IA pour prédire avec précision le risque de crise cardiaque d’un patient, sept ans avant que cela ne se produise. Les ressources et les médicaments peuvent alors cibler spécifiquement les personnes les plus à risque. En Malaisie, au Brésil et aux Philippines, l’IA est utilisée pour lutter contre de multiples maladies transmises par les moustiques, y compris la dengue, le Zika et le chikungunya. Le programme extrait en permanence des données multidimensionnelles de plus de 90 bases de données publiques et ajuste 276 variables qui influencent la propagation de la maladie pour prédire le moment où des flambées sont probables.
L’UNICEF a développé un programme d’IA pour réduire le fardeau social et économique des flambées grâce à des mesures ciblées de santé de la population. Son programme Magic Box prédit à la fois le moment où les épidémies sont probables et permet aux systèmes de santé de réorganiser leurs ressources, d’alerter les agents de santé et de lancer des campagnes de santé publique, afin qu’ils puissent mieux et plus rapidement répondre aux urgences.
Les gouvernements devraient identifier et tester des moyens innovants de financer l’IA dans les solutions de santé, indique le rapport. Pour assurer l’accessibilité financière à long terme pour tous, le remboursement national des services de santé numériques et basés sur l’IA est essentiel. Une gouvernance des données, sécurisée et respectueuse de la vie privée, doit faire partie de la garantie d’une infrastructure durable.