AVOCATS ET MAGISTRATS : PARTENAIRES OU ANTAGONISTES ?
Par Michel Ange Angouing,
Magistrat hors hiérarchie, Conseiller technique Minjustice, Ancien Ministre de la fonction publique et de la réforme administrative
Un homme d’État Africain, parlant de la République, a dit que la République est comme un tabouret qui a trois (03) pieds, l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Si un seul pied se casse, la République — ne pouvant plus tenir debout — s’ébranle ou s’écroule…
Un grand homme de notre pays, ancien garde des sceaux, connu pour son franc parler, a dit : “Douala est le paradis et l’enfer des magistrats”…
Pour avoir servi, moi-même, dans cette importante ville, comme PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE près les Tribunaux de première et de grande instance, j’ai dit dans mon coeur que Douala est une expérience singulière que chaque Camerounais, quelque soit son secteur d’activités, doit pouvoir vivre !
Un autre très haut responsable de la République, dévoué au service de la justice, a dit de façon pertinente que : “la justice est une vieille dame, on ne la bouscule pas”…
Les incidents survenus le mardi 10 novembre 2020 au PALAIS DE JUSTICE de Douala Bonanjo — que je refuse de décrire ou de décrypter par décence — doivent rapidement être oubliés. Ils n’honorent ni la justice, ni les acteurs de la justice, et, désacralisent ce temple où se disent le droit et la vérité.
Qui mieux que l’avocat connaît le respect dû aux cours et tribunaux !
Qui mieux que l’avocat sait que nul n’a le droit de se rendre justice !
Qui mieux que l’avocat sait que la loi pénale s’impose à tous !
DE MÊME…
Qui mieux que le magistrat sait que l’avocat est un partenaire incontournable qui mérite d’être traité avec délicatesse !
Qui mieux que le magistrat sait que l’avocat aide le juge dans la recherche de la vérité !
LA RECHERCHE DE LA VÉRITÉ…
Oui… cet exercice délicat, mais ô combien exaltant, qui requiert des principaux acteurs, la sérénité, des qualités humaines exceptionnelles, et, des compétences professionnelles avérées.
LE MAGISTRAT JUGE EN SON ÂME ET CONSCIENCE.
L’avocat a, vis-à-vis de son client, une obligation non pas de résultat mais de moyens, sans oublier la mission noble d’accompagner le juge dans la recherche de la vérité.
L’environnement dans lequel nous évoluons a tôt fait, à tort, de nous happer. Les difficultés de la vie ont vite fait de nous rattraper et nous faire oublier les engagements pris devant Dieu et les hommes. Nous devons rester des femmes et des hommes de conviction et de caractère ou nous démissionnons.
Le Ministre d’État, Ministre de la justice garde des sceaux, à l’occasion de la dernière réunion des chefs des cours d’appel et des délégués régionaux de l’administration pénitentiaire, a déclaré que l’on peut être pauvre mais rester digne.
MAGISTRATS ET AVOCATS je pense que vous n’êtes pas des antagonistes mais des agonistes, voire des protagonistes. Vous êtes les pieds d’un même tabouret au service de la justice.
La justice comme vertu et comme institution a besoin des hommes et des femmes nobles, humbles, intègres, responsables, compétents et humains pour construire sa crédibilité.
Les comportements déviants — du reste condamnables — de quelques brebis égarées ne doivent pas ébranler l’édifice.
Et, parce que la justice est une vieille dame, plutôt que de la bousculer, nous devons la servir, la polir, l’aimer pour qu’elle joue pleinement son rôle de régulateur de la société.
Le serment que nous prêtons à l’entame de notre profession est notre boussole.
ET CE SERA JUSTICE…⚖️