Un projet d’identification numérique des mototaxis du Cameroun est en gestation. Il est porté par DIGIPOL, le projet vise la constitution d’un fichier numérique local et national des mototaxis afin de rétablir l’ordre dans ce secteur d’activité
© La Voix Des Décideurs ► Jean Baptiste Bidima
Il suffit de savoir déplacer une moto et se jeter sur la voie publique pour assurer le transport des personnes et de leurs biens. L’activité des mototaxis prospère et le nombre de jeunes qui s’y lancent augmente à une vitesse exponentielle. D’après les statistiques, le transport par moto emploie aujourd’hui plus de 02 millions de jeunes. On dira que c’est le secteur par excellence de refuge de tous ceux qui n’ont pu trouver le travail à la fonction publique et dans les entreprises publiques ou privées.
Il n’ y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens. La plupart ici réussissent l’exploit de nourrir leur famille au quotidien et réaliser des projets multiples. D’autres par contre brillent par des actes de brigandage à telle enseigne que l’insécurité finit par faire son nid dans ce secteur : Vol de sac, drogue et dépouillement, viol et braquage des passagers.
Les maires des villes et communes pilotes du Cameroun se sont retrouvés à Yaoundé le 20 janvier 2021 pour un séminaire sur l’identification numérique des conducteurs de mototaxis. A l’initiative de la plateforme DIGIPOL, ils ont été imprégnés des rouages et mécanismes de fonctionnement de ce projet salvateur pour la sécurité des personnes et des biens dans leur municipalité respective.
Difficile pour les maires de maitriser ces mototaxis qui pour la plupart se prennent pour des dieux. A la moindre occasion, ils n’hésitent pas exercer la violence sur la police municipale ou menacer de brûler les édifices des mairies. Le diagnostic posé par la majorité des mairies ressort que, ceux qui font du bruit ou qui bafouent les règles établies, sont ceux-là qui ne disposent d’aucun document légal. Pas de permis, de cartes nationales d’identité encore moins de carte grise. Très peu sont propriétaires ou conducteurs titulaires. A Douala 5è par exemple, 90 % parmi eux sont en état de lancement. Tous les plans de maitrise des acteurs de ce secteur initiés par les maires ont de la peine à être implémentés.
La méthode DIGIPOL
Après plusieurs rencontres avec les associations des mototaxis, les syndicats et les chefs de sites, les responsables de la plateforme DIGIPOL se proposent de mettre fin au désordre observé dans le secteur des mototaxis. Le projet envisagé est implémenté en ce moment dans 66 communes pilotes. Il vise la constitution d’un fichier numérique local et national des conducteurs de motos. L’objectif étant d’assurer non seulement la sécurité des passagers, mais aussi celle de la moto et de son conducteur.
Comment ça marche ? La plateforme DIGIPOL va déployer ses équipes sur le terrain pour enregistrer les mototaxis surplace, c’est-à-dire dans leurs lieux de service. L’enregistrement se fait par téléphone androïde ou pas. Il suffit de composer *079 ≠ pour faire rentrer les données du conducteur. Son numéro de téléphone, son nom, celui de la personne à appeler en cas d’incidence, sa photo prise surplace. Un numéro est attribué au benskineur. Il comporte des indices de la commune où le il exerce, son numéro de chasuble qui correspond à celui de son badge. Même en route, le policier ou le gendarme en tapant sur le code et en insérant le numéro de téléphone du conducteur, peut déjà savoir s’il est enregistré ou pas.
L’initiative est vivement saluée par les maires qui ont du mal à recenser et à identifier tout ce beau monde. Le fichier constitué sera remis aux mairies gratuitement. Les chefs des exécutifs communaux pourront ainsi facilement recouvrer les impôts qui leurs sont exigés. Il y a également la gratuité de la consultation et de l’exploitation du fichier numérique constitué, la mise à disposition automatique et gratuite des statistiques, l’identification gratuite des conducteurs grâce au système d’information Web et USSD, la sécurité de la plateforme grâce à l’hébergement par le Cloud capable de régénérer tous les fichiers en cas d’incident local, le traçage des auteurs de crimes dans l’exercice de la profession de conducteur de moto. Le système USSD ne requérant pas le crédit d’appel ou d’internet, ni le type de téléphone avec tous les opérateurs de téléphonie. Ce qui rend facile l’enregistrement et la vérification.
Au regard des difficultés rencontrées par les maires pour assainir ce secteur, l’on espère que la plateforme DIGIPOL va apporter une solution définitive au problème d’identification des mototaxis pour que la sécurité règne dans ce mode de transport.
© La Voix Des Décideurs ► Jean Baptiste Bidima