L’écrivain camerounais Abakar Ahamat vient d’enrichir l’univers littéraire de deux nouvels ouvrages. Relevé de ses fonctions! et Sacrés incompétents ont été présentés au public et dédicacés le 25 février 2021 à Yaoundé.
Relevé de ses fonctions! et Sacrés incompétents sont deux essais mis à la disposition du lecteur universel par l’écrivain camerounais Abakar Ahamat. L’ancien gouverneur de régions partage avec le public ses expériences durant ses années au service au commandement territorial.
Sacrés incompétents. C’est un chef d’œuvre de 185 pages paru aux éditions de Midi. C’est la 6è publication de l’auteur qui parle en connaissance de cause les notions de compétence et d’incompétence des agents publics, lesquels sont appelés au accomplir au quotidien des missions d’ordre ou d’utilité publique. Au service dans usagers, plusieurs brillent par une incompétence notoire. Ne voulant pas se cultiver davantage, ils jouent aux grands connaisseurs. L’auteur décrie le manque d’humilité qui caractérise plusieurs, en même temps qu’il fustige les grandes écoles camerounaises qui ne donnent pas assez de rudiments aux apprenants. Il en veut pour preuve l’incapacité des candidats sortis de l’Ecole Nationale d’administration et de Magistrature (Enam), à rédiger des discours une fois sur le terrain.
La faute à l’institution qui en fait des produits semi- finis. Abakar Ahamat critique comme pour le décrier, le fait pour les grandes écoles de formation de ne pas former totalement les apprenants.
Ceux-ci sont appelés à enrichir leurs connaissances sur les terrains comme pour dire que, c’est le terrain qui les façonne et les modèle. Malheureusement, une fois sur le terrain, ils jouent aux connaisseurs. Pire encore quand ils ont des agents à commander. Que de profiter de leurs expériences, ils se muent en donneurs de leçons. Ils deviennent alors de sacrés incompétents.
L’administration sombre dans une incompétence notoire entretenue par des recrutements de faciès, de promotion canapé et réseaux maffieux. Le mérite est renvoyé aux calendes grecques. Le favoritisme fait triompher la médiocrité.
Si la compétence appelle la promotion voire la reconnaissance et la distinction, l’auteur fait remarquer que plusieurs administrateurs subissent des injustices rythmées par des hommes politiques et autorités traditionnelles au service de la coterie et des prébendes ministérielles. Conséquence, l’on assiste à de révocation sans fondement réel. D’après l’auteur, c’est après cette révocation que l’on cherche à savoir si le motif était réel. Entre-temps, la victime subit les méfaits d’un regard accusateur et de suspicion de son entourage.
Ce qui traduit le sens attribué au titre du second ouvrage : « Relevé de ses fonctions! », paru lui aussi dans les éditions du Midi. L’auteur évoque la fierté et la joie qui animent les administrés parce qu’un sous-préfet, un préfet ou un gouverneur a été relevé de ses fonctions. L’essentiel pour les populations n’est pas dans la cause de la révocation mais, dans le fait de savoir qu’il sera désormais frappé par la misère.
S’il est vrai que certains administrateurs brillent par des abus de pouvoir et d’autorité et même de l’excès de zèle dans l’accomplissement de leurs missions, il est tout aussi vrai que ce sont d’après l’auteur, des brebis galeuses du commandement territorial.
Bible de l’administrateur
A l’instar de l’ouvrage de Machiavel intitulé « Le Prince », livre de chevet des Chefs d’Etats, les deux essais Sacrés Incompétents et Relevé de ses fonctions! se veulent des livres de poche, voire de chevet de tous les administrateurs civils au Cameroun au regard du caractère enrichissant de leur contenu. Tels des documentaires, Abakar Ahamat a su faire un savant dosage de critiques, dénonciations et solutions pouvant redorer l’image de l’administration camerounaise et par ricochet celle de tous les Etats africains en proie au mouchardage et à l’inertie.
Dans une combinatoire d’anaphores, métaphores, hyperboles et néologismes, l’auteur adopte un style propre à son parcours d’Administrateur Civil Principal Hors Echelle, pour proposer des aromates, couleurs et parfums à l’administration. L’on dirait une véritable encyclopédie des tares et avatars d’une administration en panne sèche d’innovations qui fait “des administrateurs si vils et si vides”.
Pour l’auteur, il faut rectifier le tir à partir des grandes écoles de formation pour en faire des produits finis adaptes au marché de l’emploi. Cela passe par une révolution copernicienne de mentalités.
Après Yaoundé, les deux ouvrages seront présentés et dédicacés dans les prochains jours à Douala et dans les autres villes du pays.
Jean Baptiste Bidima