La région des Grands Lacs d’Afrique se situe à la croisée des chemins et il est plus que jamais nécessaire de consolider ses progrès ainsi que de s’attaquer fermement aux défis qui persistent, a déclaré mercredi devant le Conseil de sécurité l’Envoyé spécial des Nations Unies pour cette région.
NEW YORK, USA, le 22 Octobre 2021,-/African Media Agency (AMA)/-Sur le front politique, Huang Xia s’est félicité de l’« accélération des efforts d’ouverture et de rapprochement avec un ensemble de gestes politiques et symboliques encourageants » qui ont porté des fruits dans des domaines aussi divers que la sécurité, le commerce, les infrastructures, les transports, les ressources naturelles et l’énergie.
Il a cité en exemple les rencontres bilatérales entre le Président de la République démocratique du Congo (RDC) et ses homologues du Burundi, du Kenya, du Rwanda et de l’Ouganda; les différentes tournées entreprises dans la région par le Président du Burundi et la Présidente de la Tanzanie; ainsi que l’engagement constant du Président de l’Angola, président en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), à soutenir les efforts de réconciliation nationale en République centrafricaine, aux côtés de ses pairs.
Coopération sécuritaire
M. Xia a ensuite salué les progrès enregistrés en matière de coopération sécuritaire afin de venir à bout des groupes armés, ces forces dites négatives, qui sévissent dans l’Est de la RDC.
L’Envoyé spécial a ainsi mis en exergue le Groupe de contact et de coordination, initiative soutenue par son Bureau, qui est chargée de coordonner la mise en œuvre des mesures non militaires en complément des opérations militaires contre les forces négatives et qui comprend le Burundi, la RDC, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie.
« Concrètement, ces mesures visent à mettre en œuvre de manière concertée des incitations en vue de la reddition et du désarmement volontaire des forces négatives opérant dans l’Est de la RDC… [et] viendront en complément des efforts menés par la RDC à travers son Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S). », a expliqué M. Xia.
Il a annoncé que son Bureau travaillait avec la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) et d’autres entités « afin de déployer une cellule opérationnelle à Goma, qui sera chargée de coordonner sur le terrain ces initiatives prometteuses ».
En dépit des avancées, des défis demeurent
La persistance de l’activisme des groupes armés constitue toujours la principale menace à la paix et à la stabilité de la région , a fait valoir l’envoyé devant les Quinze.
« On constate une recrudescence d’attaques menées par les groupes armés, qu’il s’agisse des ADF dans l’Est de la RDC ou celles lancées par les RED-Tabara contre l’aéroport de Bujumbura en septembre dernier », a cité en exemple M. Xia, ajoutant que « cette violence continue d’avoir de graves conséquences sur la situation humanitaire déjà fragile, ainsi que sur la stabilité socio-économique des zones affectées ».
Aussi, les forces négatives demeurent impliquées dans l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles dont les revenus financent leur approvisionnement en armes et leurs recrutements.
Il a rappelé que son Bureau, en collaboration avec la CIRGL et le gouvernement du Soudan, avait co-organisé un atelier sur les ressources naturelles à Khartoum, du 31 août au 2 septembre dernier, pour examiner comment mettre fin a cette exploitation et qui a débouché sur 31 recommandations et une demande pour que son Bureau et le Secrétariat exécutif de la CIRGL entreprennent un plaidoyer politique pour sensibiliser les pays de transit et de destination des minerais faisant l’objet de contrebande à appuyer les efforts de la région.
L’envoyé de l’ONU a cité la pandémie de Covid-19 au rang des défis pour la région, déplorant le fait que « seulement 36 millions de doses de vaccins ont été administrées à ce jour dans une région qui compte près de 450 millions d’habitants ».
Il a signalé que la Covid-19 avait « dans une certaine mesure » contribué à l’exacerbation des fragilités socio-économiques préexistantes, affirmant qu’elle avait « toutefois démontré la résilience des sociétés de la région ».
Une approche concertée
« Répondre efficacement à ces défis, tout en soutenant les efforts positifs en cours, exigera une approche concertée des États de la région, de la société civile, des organisations régionales, des partenaires internationaux et des Nations Unies », a déclaré M. Xia, telle que celle prônée dans le Plan d’action de la Stratégie pour la consolidation de la paix, la prévention et le règlement des conflits dans la région des Grands Lacs élaboré par son Bureau en juillet dernier.
« Cette approche inclusive, qui accorde aussi une place centrale à l’engagement des femmes et des jeunes, sera maintenue tout au long de la mise en œuvre de ce Plan d’action afin de favoriser un alignement sur les priorités des États et des peuples de la région », s’est félicité Huang Xia.
« Plus que jamais, il est nécessaire de consolider durablement ces acquis tout en s’attaquant fermement aux défis qui persistent », a déclaré enfin l’Envoyé pour les Grands lacs, ajoutant que pour ce faire il fallait tirer les leçons du passé et « faire preuve d’imagination pour soutenir les populations de la région des Grands Lacs dans l’édification d’un présent et d’un futur meilleur ».
Le Conseil de sécurité réaffirme son appui
Suite à l’exposé de M. Xia, le Conseil de sécurité a réaffirmé mercredi son plein soutien à l’Envoyé spécial dans l’exécution de son mandat « consistant à remédier aux derniers problèmes faisant obstacle à l’application de l’Accord-cadre et à promouvoir la paix et la stabilité dans la région ».
Les Quinze se sont notamment à nouveau déclaré « très préoccupés par la crise humanitaire qui s’est déclarée dans l’est de la République démocratique du Congo, exacerbée par une insécurité généralisée, notamment les activités déstabilisatrices de groupes armés étrangers et nationaux et une nouvelle intensification des attaques menées par les Forces démocratiques alliées ».
Ils ont insisté sur la nécessité d’écarter durablement les menaces émanant de tous les groupes armés opérant dans l’est de la RDC. Ils ont demandé instamment à tous ces groupes « de cesser immédiatement toutes formes de violence » et ont préconisé leur dissolution immédiate et permanente et la remise des armes, ainsi que le rétablissement de l’autorité de l’État dans l’est de la RDC.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.