NEW YORK , USA , Le 02 Mars 2022 -/African Media Agency(AMA)/-Des experts des droits de l’homme des Nations Unies ont exhorté aujourd’hui Madagascar à prendre des mesures immédiates pour protéger les personnes atteintes d’albinisme, alors que des informations font état d’attaques et de meurtres dans le pays.
« Les personnes atteintes d’albinisme vivent dans la peur et continueront à risquer d’être attaquées si des mesures urgentes ne sont pas prises » ont déclaré ces experts. « L’attaque la plus récente a été signalée il y a quelques jours seulement et, tragiquement, la majorité des victimes sont des enfants », ont noté ces trois experts* dans un communiqué de presse conjoint.
Plus d’une douzaine d’enlèvements, d’attaques et de meurtres ont été signalés au cours des deux dernières années dans diverses régions de Madagascar, notamment à Atsimo-Andrefana, Menabe, Haute Matisatra, Ihorombe et Anosi. Le nombre authentique d’attaques est probablement plus élevé et pourrait augmenter.
Superstitions et trafic
Les attaques et les meurtres macabres impliquent des mutilations et des démembrements basés sur des croyances dangereusement fausses selon lesquelles ces parties du corps peuvent être utilisées dans des rituels pour apporter chance et protection.
Les parties démembrées du corps pourraient faire l’objet d’un trafic transfrontalier dans toute la région, où ce commerce inquiétant servirait une clientèle riche et influente, ont indiqué les experts.
« Nous comprenons que le pays est actuellement confronté à d’immenses défis à la suite des cyclones Ana et Batsirai, de la pandémie de Covid-19 et des effets dramatiques de la sécheresse dans le sud », ont-ils déclaré.
« Mais c’est précisément pour cela qu’une protection urgente est nécessaire pour les personnes atteintes d’albinisme. Ces attaques sont alimentées par des croyances mythiques selon lesquelles les rituels peuvent apporter une meilleure fortune. La situation économique désastreuse du pays pourrait constituer un terrain fertile pour une augmentation des violations des droits de l’homme à l’encontre des personnes atteintes d’albinisme »; ont-ils ajouté.
Ils ont demandé que le gouvernement renforce ses efforts pour protéger les personnes atteintes d’albinisme, en particulier les femmes, les enfants et les personnes âgées qui ont été victimes de ces crimes atroces.
« Les efforts humanitaires doivent également tenir compte des besoins spécifiques des personnes atteintes d’albinisme qui sont affectées de manière disproportionnée par la situation dans le pays », ont noté les experts.
Ils ont également souligné la nécessité d’accorder la priorité aux programmes d’éducation et de sensibilisation à la situation critique des personnes atteintes d’albinisme afin de contrer les mythes horribles qui ont conduit à leur assassinat.
« Nous sommes prêts à nous engager et à fournir une assistance, conformément à nos mandats, au gouvernement et à ses partenaires dans cette entreprise », ont déclaré les experts.
*Les experts : Muluka-Anne Miti-Drummond, Experte indépendante sur l’exercice des droits de l’homme par les personnes atteintes d’albinisme ; Gerard Quinn, Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées ; Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.
NOTE :
Les Experts indépendants font partie de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.
Source : African Media Agency (AMA)