GENÈVE, Suisse, le 30 Mai 2022 -/African Media Agency (AMA)/-Le Togo a éliminé le trachome, une maladie oculaire pouvant entraîner une cécité permanente, en tant que problème de santé publique. Ce pays d’Afrique de l’Ouest devient le quatrième du continent à être certifié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme ayant atteint le cap de l’élimination après le Maroc en 2016, le Ghana en 2018 et la Gambie en 2021.
Le trachome est une maladie tropicale négligée. Elle est causée par une bactérie et touche principalement les enfants. Chez les adultes, les femmes sont jusqu’à quatre fois plus à risque d’être affectées que les hommes. Cela s’explique principalement par le contact étroit des femmes avec des enfants infectés. Une infection répétée peut entraîner une grave cicatrice à l’intérieur de la paupière, la retournant vers l’intérieur et provoquant le frottement des cils contre le globe oculaire. Il en résulte une douleur constante et une intolérance à la lumière. En l’absence de traitement, la maladie peut entraîner une déficience visuelle ou la cécité.
« La réussite du Togo est une étape importante dans le processus d’élimination du trachome. Les enfants du pays et leurs familles peuvent désormais vivre sans craindre les graves conséquences de cette maladie évitable par des mesures de lutte soutenues », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Les efforts pour éliminer le trachome au Togo ont commencé en 1989, avec son inclusion parmi les maladies tropicales négligées prioritaires dans le cadre du programme national de lutte. La principale stratégie d’élimination était le dépistage et le traitement des personnes présentant des complications tardives du trachome. La participation des communautés a été un élément central du succès au Togo, avec des agents de santé communautaires formés pour identifier les cas suspects et les orienter pour qu’ils soient examinés et traités.
Le Togo a également mené une série de campagnes de sensibilisation axées sur l’importance de la propreté du visage et de l’hygiène corporelle dans la lutte contre le trachome. Le pays a par ailleurs investi dans des améliorations considérables de l’approvisionnement en eau potable et de l’accès à de meilleures installations sanitaires.
La certification de l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique au Togo s’est fondée sur des preuves. Plusieurs enquêtes sur le trachome ont été menées au sein de la population à partir de 2006 jusqu’en 2017. L’enquête de 2017, réalisée selon la méthodologie recommandée par l’OMS, a révélé que la prévalence des indicateurs clés était inférieure au seuil d’élimination du trachome fixé par l’OMS. Il a également été prouvé que le système de santé du Togo était en mesure d’identifier et de traiter les nouveaux cas de complications tardives du trachome.
Au niveau mondial, le Togo rejoint 12 autres pays qui ont été certifiés par l’OMS pour avoir éliminé le trachome en tant que problème de santé publique. Il s’agit du Cambodge, de la Chine, de la République islamique d’Iran, de la République démocratique populaire du Laos, de la Gambie, du Ghana, du Mexique, du Maroc, du Myanmar, du Népal, d’Oman et de l’Arabie saoudite.
Prévalence de la maladie
À l’échelle mondiale, le trachome reste un problème de santé publique dans 43 pays. On estime que 136 millions de personnes vivent dans des zones où la maladie est endémique. Le trachome touche principalement les communautés rurales éloignées les plus pauvres et les plus mal desservies d’Afrique, d’Amérique centrale et du Sud, d’Asie, d’Australie et du Moyen-Orient. La Région africaine est touchée de manière disproportionnée par le trachome avec 116 millions de personnes vivant dans des zones à risque, ce qui représente 85% de la charge mondiale de trachome.
Des progrès significatifs ont été réalisés au cours des dernières années et le nombre de personnes qui ont besoin d’un traitement antibiotique à cause d’une infection par le trachome dans la Région africaine a diminué de 73 millions, passant de 189 millions en 2014 à 116 millions en juin 2021.
Après le succès du Togo, le trachome reste endémique dans 26 pays de la Région africaine.
La maladie
Le trachome est la principale cause infectieuse de cécité et est dû à une infection par la bactérie Chlamydia trachomatis. L’infection se transmet d’une personne à l’autre par l’intermédiaire des doigts, des vecteurs passifs et des mouches contaminés ayant été en contact avec des écoulements provenant des yeux ou du nez d’une personne infectée. Les facteurs de risque environnementaux pour la transmission du trachome comprennent une mauvaise hygiène, la promiscuité, un accès insuffisant à l’eau et à des installations sanitaires appropriées.
L’infection par le trachome touche principalement les enfants et devient moins fréquente avec l’âge. Des infections répétées dans la petite enfance entraînent des complications tardives plusieurs années voire des décennies plus tard.
La maladie peut être contrôlée par la stratégie SAFE recommandée par l’OMS. Celle-ci comprend la chirurgie pour traiter la complication tardive du trachome, les antibiotiques pour éliminer l’infection, la propreté du visage et l’amélioration de l’environnement, en particulier l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour réduire la transmission.
GET2020
En 1996, l’OMS a lancé l’Alliance mondiale pour l’élimination du trachome d’ici à 2020 (GET2020 – en anglais Global Elimination of Trachoma by the year 2020). En collaboration avec ses partenaires de l’Alliance, l’OMS soutient la mise en œuvre par les pays de la stratégie SAFE, en investissant dans le renforcement des capacités nationales par l’évaluation épidémiologique, le suivi, la surveillance, l’évaluation des projets et la mobilisation des ressources. La feuille de route sur les maladies tropicales négligées 2021-2030, approuvée par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2020 par sa décision 73 (33), fixe 2030 comme nouvelle date cible pour l’élimination mondiale du trachome en tant que problème de santé publique.
Distribué par African Media Agency pour L’Organisation Mondiale de la Santé.