Lettre ouverte de Célestin Bedzigui à Macron : « Choisissez de demander pardon au Cameroun ou de s’entendre dire: adieu la France »

[ Sa Majesté Célestin BEDZIGUI, président du Parti de l’Alliance Libérale s’est liré à une envolée épistolaire dans laquelle  il dit ses quatre vérités au Président français Emmanuel attendu ce 25 juillet à la capitale camerounaise, Yaoundé pour une visite officielle qui s’achève le 27 juillet 2022.]

 

 M.  LE PRESIDENT MACRON, CHOISISSEZ DE DEMANDER PARDON AU CAMEROUN OU DE S’ENTENDRE DIRE: ADIEU LA FRANCE

 

Ce que MACRON doit s’entendre dire par les Camerounais lors de sa visite.

La courtoisie est dans nos traditions d’accueil des visiteurs. Emmanuel MACRON, Président de la France ne saurait donc qu’en bénéficier largement d’autant est dit qu’il vient en ami. Justement dans la tradition EKANG, on dit que “les vrais amis ne se cachent pas leur nudité”. Traduction en pensée voltairienne: les vrais amis se disent la vérité. Et à l’occasion de cette visite historique, le moment est venu pour que nous, Camerounais, disions à la France, les yeux dans les yeux de son Président, ce qui doit être dit au regard du bilan des relations bilatérales que la communauté internationale nous a imposé d’avoir avec ce pays.

 

Loin de moi toute idée de mimer les Maliens qui ont littéralement mis les Français à la porte de leur pays. Je dirai même qu’étant un produit des institutions académiques parmi les plus prestigieuses de France, management à HEC- Isa Paris et cycle doctoral d’économétrie à l’Université Paris IX Dauphine, on me prêterait plutôt d’être porté à une connivence intellectuelle avec les Français.

 

Que nenni!!! L’analyse faites sur la durée des relations entre la France et le Cameroun m’ont convaincu de ce qu’il est en effet temps que soit mis fin à ces relations qui depuis les Accords de Versailles de 1919, s’avèrent être 103 ans de duperie et d’exploitation économique féroce, d’aliénation culturelle, et depuis 1946, de servitude monétaire.

 

À ce tableau s’ajoute la complicité de la France, associée aux aujoulatistes locaux qui ont pris le relais des colons et ont signé le 30 Décembre 1958 huit “Conventions franco-camerounaises” scélérates, léonines et inégales, faisant de notre pays un simple dominium de la métropole, conventions signées côté France par Bernard Cornut- Gentille, Ministre de la France d’outre-mer représentant le Gouvernement de la République Française et côté français par Ahmadou Ahidjo, Premier Ministre, chef du Gouvernement, représentant l’Etat du Cameroun. Cette complicité disions-nous a conduit au massacre entre 1955 et 1972 de milliers de Camerounais dont le seul crime était de réclamer la fin de la tutelle de l’ONU pour une émancipation politique de leurs pays. Au bout de ce massacre, la puissance mandataire léguera à notre pays un profond traumatisme qui entretiendra une pratique politique faite de truquage des élections, ce qui institutionnalisera l’illégitimité du pouvoir comme modèle étatique de la maldémocratie.

 

La gestion coloniale du mandat et de la tutelle

Les accords de Versailles en 1919, en dépossedant  l’Allemagne vaincue des territoires à elle allouées à la Conférence de Berlin de 1884 confiait à la France les trois quart du Kamerun, par le truchement de l a Société des Nations, pour une gestion dont l’objectif était de le conduire à l’indépendance, mission également assignée pour le dernier quart à l’ Angleterre.

Il est à relever que dans la partie anglophone, le cheminement vers l’indépendance s’est fait à travers des tractations politiques, sans violence, bien que ” la perfide albion” comme les Français appellent les Anglais, a organisé un référendum dont le résultat a fait perdre à notre pays un huitième de son territoire.

 

 

La partie francophone du Cameroun en tant que État associé quant à elle a été admise dans le dispositif institutionnel français, le distinguant des colonies de peuplement comme l’était l’Algérie et des départements d’outre-mer comme la Guadeloupe.

 

Dans une thèse très documentée au titre en soi très parlant, “Cameroun, colonie ou mandat”, le Pr. Dieudonné OYONO démontre que la France opèrera un glissement pour faire plutôt du Cameroun une colonie d’exploitation économique où le parti colonial se renforcera année après année. C’est la volonté de contrôle et l’exploitation des richesses du Cameroun qui déterminera toute la politique de la France dans le pays, au point d’être la réelle explication de la férocité de sa réaction contre tous ceux qui osaient poser la question économique. Et les victimes s’accumuleront.

Mon oncle Jean Baptiste TSANGA qui fut Directeur de Cabinet du Premier Ministre André MBIDA me dira que c’est pour avoir demandé que soit établi le sommier économique des richesses du Cameroun que Ramadier fut mis en mission commandée par le Gouvernement français pour venir le faire tomber, avec la complicité de la frange aujoulatiste proche du pouvoir colonial qui avait une majorité relative à l’assemblée nationale.

La férocité mise à liquider physiquement tous les nationalistes de l’UPC tenait à ce que ce parti faisait de l’indépendance économique une de ses revendications essentielles.

Le plus gros scandale qui est soigneusement caché jusqu’à nos jours est que c’est en 1947 que le BRGM- Bureau des Recherches Géologiques Minières- français avait découvert le pétrole du Cameroun dans le Golfe de Guinée. Son exploitation sous le couvert de l’exploration se fera clandestinement par Elf Aquitaine jusqu’à ce que le Président Ahidjo daigne rendre officielle la nouvelle et ouvre à d’autres opérateurs à l’exemple de PECTEN l’activité dans le secteur. Il se sera écoulé 25 ans…

 

 

Et lorsque Christian MPONDO, un cadre camerounais travaillant à ELF commença à se montrer loquace sur la question, son épouse et lui furent froidement assassinés à leur domicile à Bonaberi dans les années 70.

 

Un fleuve de sang

C’est celui qui nous sépare de la France. C’est le sang versé par les nationalistes parce qu’ils réclamaient l’indépendance économique. Ils furent exterminés par l’armée française qui ramena au Cameroun l’essentiel de ses troupes de Brazzaville et d’Oubangui Chari. Certaines sources crédibles parlent de 500 000 morts dont certains sont enterrés sous la dalle de béton comme Um Nyobe au cimetière protestant d’Eseka, OSSENDE AFANA au ” cimetière des maquisards “ à Moloundou, Felix MOUMIE empoisonné par un agent de SDECE français à Genève et enterré au cimetière des Martyrs à Conakry.

 

Aujourd’hui, l’ étau de l’exploitation par les intérêts français se resserre à la gorge de notre pays, illustré par BOLLORE qui a longtemps contrôlé la desserte et le système logistique de diffusion de marchandises dans notre pays, Rougier qui pillent les arbres centenaires de nos forêts, le PMUC qui pompe chaque semaine les épargnes du peuple alors que se développent sur le territoire français les activités économiques générées par le secteur hippique, les Brasseries du Cameroun qui établissent dans le pays un monopole dans l’industrie alimentaire absolument inacceptable dans un contexte libéral où la norme est la protection d’un environnemental concurrentiel, Carrefour dont la démarche de ” catégory killer” s’en vient étrangler l’industrie naissante camerounaise de la distribution, l’exploitation de palmeraies et de bananeraies qui utilisent des camerounais dans des conditions de quasi esclavage pour des maigres retombées fiscales.

 

Voilà le tableau lugubre des buts et des résultats de la présence et de l’action économique de la France au Cameroun, une horreur qui cache son vrai visage derrière la feuille de vigne des contrats C2D qui ne sont qu’un leurre, puisque les fonds dit du désendettement sont orientés vers le financement de projets dont les marchés sont réservés en priorité aux entreprises françaises avec toutes les surfacturations qui vont avec, un surplus de ce rapporte à la France l’exploitation de notre pays.

 

Ce n’est pas tout. Il y a également de citer la servitude monétaire pour reprendre le mot du Pr TCHUINDJANG POUEMI, servitude dont nos pays sont les victimes depuis 1946. Il est en effet incompréhensible que le Franc ayant été la monnaie créée par la France, notre pays continue à s’agripper aux oripeaux d’un Franc CFA (colonies françaises d’Afrique), alors même que le propriétaire lui même du Franc l’a jeté aux orties au moment d’adopter l’Euro.

Cette incongruité est manifeste avec l’existence de ce compte d’opération au Trésor Français à travers lequel la France suit toutes nos transactions avec nos autres partenaires et qui contribue à équilibrer les comptes nationaux de ce pays.

De plus, le fait d’enfermer nos pays dans une parité fixe avec l’Euro nous enferme dans une situation périlleuse. Ainsi à l’heure actuelle, du fait de la conjoncture interne des pays de l’Union Européenne, l’Euro chute, c’est notre pays qui boit le bouillon, puisque nos importations et nos dettes payées en dollars nous demanderont plus de FCFA.

Face à ce péril existentiel, nous nous devons de créer notre monnaie, affranchie de l’obligation de déposer une partie de nos recettes d’exportation dans le compte d’opération du Trésor français. La parité de notre monnaie pourra alors se déterminer à partir d’un panier de devises de nos principes partenaires économiques et financiers.

 

A travers le prisme des deux périodes historiques et des deux domaines des relations du Cameroun avec la France, c’est un crime sans fin qui se révèle à notre intelligence. Ce constat commande qu’en l’absence d’une demande de pardon explicite de la France au peuple Camerounais, nous lui offrions à son départ à MACRON un cadeau souvenir à transmettre à son peuple en lui disant: Monsieur le Président, pour tous ces morts sans sépulcre et pour toute cette exploitation immorale et cynique de notre pays par le vôtre au long de ces années, nous, Camerounais, disons: DEMANDEZ PARDON OU LAISSEZ NOUS VOUS DIRE: ADIEU LA FRANCE!!!

 

 

Sa Majesté Célestin Bedzigui

Président du PAL 

Maire A#1 de Monatélé

 

 

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