Martyr du Rdpc ► Pr  Hubert Mono Ndjana, l’esprit de non-aligné

 [ Ils ont porté en bandoulière leur écharpe de militant du parti de Paul Biya. Parmi eux des éconduits, des démissionnaires, des bannis, des revenants, des challengers téméraires, des progressistes déçus, des philosophes, des ‘esprits non-alignés’… ]

 

 

La Voix Des Décideurs  – Au début était le verbe… Le discours est l’essence même du politique. Tout commence par la parole qui permet avant toute action d’exprimer son idéologie, sa vision de la société et des individus. Ce n’est plus à ce philosophe qu’on devrait l’apprendre.

Au sein du RDPC, il choisit d’émettre un discours en réaction. Et  pour lui apporter une consonance positive, il va régulièrement utiliser un vocabulaire rappelant directement, ou indirectement, beaucoup de frustration. Ainsi, l’utilisation de ce vocabulaire, qui ne va avoir une signification spécifique que pour ceux qui le connaissent déjà, permet d’exprimer une vision hiérarchisée du parti au pouvoir au Cameroun.

« La frustration et la déprime transpirent des propos de ce penseur du Renouveau qui a longtemps mouillé le maillot sans être récompensé. Un homme qui avait pourtant senti le bon coup en publiant en 1985 « L’Idée sociale chez Paul Biya » qui lui ouvre les portes du Comité central du RDPC où il est appelé en 1990 comme secrétaire à la communication.

Le penseur a beau chassé l’aigreur on le sent toujours inhibé de cette ingratitude qui l’a précipitamment mis hors-jeu.  « A 70 ans, l’enseignant à la retraite n’a plus rien à perdre. Alors il donne des coups. Il accuse les réseaux et les sectes et critique de ce fait la dérive irrationaliste qui s’empare de la société camerounaise », écrit le quotidien Le Jour du 16 janvier 2016.

Dans cet extrait, les mots traduisent une « démonisation » et de mise en résonance avec certaines haines. Souvent, lors de discours politiques, le locuteur va énoncer des noms connus soit pour se faire mieux comprendre, soit pour exprimer une idée de manière sous-jacente, soit pour légitimer sa propre personne. Dans d’autres discours, il va se servir des référents pour développer, sans le dire, sa pensée idéologique.

Ce constat est évident lorsque l’on compare les référents à connotation négative et les référents à connotation positive dans un même discours, c’est le contraste entre les deux qui est signifiant politiquement. En fait, Hubert Mono Ndjana parle sans fard lorsqu’il analyse la situation politique au Cameroun.

Avec la fin de règne qui se rapproche inexorablement, les passions les plus endormies se réveillent pour la compétition politique. Mieux, il laisse à penser que la situation est plus complexe : « Pour qu’on ressente le changement, il faut poser des actes spectaculaires pour plaire au peuple. Il faut par exemple renouveler l’énergie de l’opération dite Épervier à tous les niveaux et faire des choix démocratiques à l’intérieur de l’appareil du RDPC ».

 

Réalisé par Yolande Angoula, Eric Martial Ndjomo E. & M.E.

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