Wagner, l’ours russe au grand appétit

Les images des jeunes burkinabés traversant les rues de Ouagadougou avec dans les mains le drapeau russe au lendemain du coup d’Etat qui a porté au pouvoir le nouveau chef de la junte, ont dû faire plaisir à Moscou et particulièrement au Kremlin. 

 

 

Ces clichés ont renforcé les spéculations sur une éventuelle implication de la Russie dans les événements qui ont porté au pouvoir Ibrahim Traoré dans un Burkina Faso secoué par des velléités djihadistes.

Evgueni Prigojine, un des privilégiés de la cours du Kremlin et fondateur du groupe Wagner a tôt fait de féliciter le nouvel homme fort de Ouagadougou le décrivant comme « fils vraiment digne et courageux de sa patrie ».  Un appel de pied à peine voilé du groupe militaire russe qui compte bien profiter de l’arrivée du nouveau locataire du Palais de Kossyam pour faire son entrée dans le pays des hommes intègres.

En vérité, les méthodes et les rouages de Wagner ne changent pas d’un pays à un autre et les populations africaines feraient mieux de le savoir. Bras armé d’un Vladimir Poutine dont la santé fait l’objet de beaucoup de spéculations, ces mercenaires sont dans l’optique et la démarche d’acquérir des nouveaux territoires, des nouveaux espaces, afin de faire main basse sur les richesses naturelles de ces nations.

 

 

A la reconquête de ses lettres de noblesse, la Russie fait le pari insidieux et pernicieux de miser sur Wagner pour assouvir ses appétits néocolonialistes.  Pour ce faire, elle crée un sentiment d’insécurité auprès des gouvernements qui sont sur son tableau de chasse, les affaiblis et dans l’ombre orchestre des déstabilisations directement ou indirectement. Une stratégie simple mais qui fonctionne au prix de la désinformation dans les réseaux sociaux et sur plusieurs instruments de propagande.

 

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Wagner et la Russie pensent s’affranchir de leurs sales coups et se construire une image taillée de toutes pièces afin d’être adoubés par les populations africaines. Malheureusement pour eux, ils traînent trop de squelettes dans les tiroirs.

A Bangui, à l’hôtel Ledger plus précisément, des prostituées venues d’Europe de l’Est ont obtenues des indiscrétions sur l’oreiller de la part d’officiers et des mercenaires russes en poste dans la capitale. Ces fuites nous disent beaucoup, les soldats russes agissent conscients de l’impératif qu’ils ont à sauvegarder les intérêts du Kremlin et de l’oligarchie russe.

La société Wagner est en mission commandée en Afrique et bénéficie des largesses de nos autorités qu’elle a réussi à mettre sous sa botte, moyennant quelques avantages essentiellement égoïstes dans l’unique dessein de s’éterniser au pouvoir. C’est pourquoi dans la plupart des pays où ses mercenaires sont positionnés, les autorités sont incapables de dénoncer les abus et les violations des droits de l’homme dont elle est responsable au quotidien.  La peur d’écorcher et de fragiliser l’image de la Russie hante nos dirigeants et les contraints à digérer l’impensable.

 

 

C’est le courage qui manque le plus pour s’indigner de la Russie et de son bras armé Wagner. Ses actions rappellent à plus d’un titre celles commises en d’autres temps par les mercenaires d’«Executive Outcomes » ou par ceux de la société « Blackwater ».  Wagner pour ainsi dire sait de qui s’inspirer. La tuerie de Moura au Mali n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Au-delà des exactions, des abus, des crimes de Wagner, il faut surtout s’inquiéter et dénoncer les appétits hégémoniques de cette nébuleuse militaro financière russe. L’agenda et le timing sont bien huilés et si rien n’est fait ce sont de nouvelles nations africaines dont l’importance n’est plus à présenter sur le plan géostratégique qui vont passer sous le contrôle et la domination russe.

Jusqu’ici Wagner n’est pas encore positionné dans un pays donnant directement accès à la mer. République Centrafricaine, Mali ne fournissent pas aux Russes cet avantage au cœur des préoccupations du Kremlin et son nouveau tsar, Vladimir Poutine.  Le Cameroun tout comme le Tchad constitue dès lors, de bons tableaux de chasse qui permettront à l’ogre russe de faire la boucle au niveau de la zone de l’Afrique centrale.

Ces calculs politiques et politiciens doivent rassurer les dirigeants et les populations de ces pays sur l’agenda secret des russes et amener les premiers comme les seconds cités à préparer une farouche résistance mais surtout à ne pas céder face aux différents appels de pieds du Kremlin.

 

Source : Echos Logone et Chari

 

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