Violence au Cameroun : Le Maire de la ville de Maroua Sali Babani bastonne la responsable du PNDP
[ Selon Arabo Arabo, journaliste indépendant, le Maire de la ville de Maroua Sali Babani a roué de coups Hélène Tijevin Kella, Secrétaire à la Coordination Régionale du Programme National de Développement Participatif (PNDP) de l’Extrême-Nord.]
Le mardi 15 novembre 2022, Tijevin Kella a regagné son domicile, nue à la suite d’une altercation dans son bureau. Elle a eu affaire au premier magistrat de la ville de Maroua. Des témoins rapportent que Sali Babani a fait envoyer une personne pour déposer un chèque de 500.000 FCFA.
Madame Tijevin Kella lui a demandé d’attendre quelques minutes, le temps d’achever le traitement des dossiers des usagers l’ayant précédé. La personne n’a pas cru bon de patienter et s’en est allé. Quelques minutes plus tard, le Maire Sali Babani est arrivé furieux, menaçant et insultant le cadre du PNDP. Cet épisode de violence s’est déroulé en l’absence du Coordonnateur Régional du PNDP de la région.
La victime
« Je vois un monsieur qui débarque à mon bureau accompagné d’un policier. Il se met à hurler. Il m’insulte allant jusqu’à préciser qu’il m’apprendrait à faire mon travail, » a lancé Hélène Tijevin Kella. « J’ai reçu des gifles. Puis il s’est mis à tirer mon vêtement. J’ai juste constaté qu’il tirait mon habit en demandant au policier et à un autre homme de me filmer. Je me suis retrouvée presque nue, » explique Tijevin Kella, en larmes.
Témoignages
« Les premiers mots du maire de la ville étaient : qui est cette idiote ? Je vais lui apprendre le travail. Où est-elle ? Il n’a pas cherché à savoir ce qui s’est réellement passé avec son émissaire. Il demandait à son acolyte de filmer la scène (lui entrain de déchirer la robe de Hélène). C’était vraiment ignoble et dénigrant à voir, » confie un agent du PNDP Extrême-Nord.
Sali Babani le maire
Selon le maire, il s’agit là d’une scène montée de toutes pièces. « C’est un pur mensonge et une campagne de dénigrement qui tire sa source des batailles avec les adversaires politiques. Que ces gens présentent les images si cette scène imaginaire et montée de toute pièce est vraie. Je vous demande de laisser passer cette affaire qui vise à ternir mon image, » a-t-il indiqué. Cependant, des sources du journal ‘’le jour’’, précisent que le maire s’est rendu au domicile des parents de la victime pour s’excuser. Pourquoi demander pardon si on n’a rien fait ? Se questionne Oriane Mabamé, femme d’affaires de la région.
« Les autorités administratives de la région le savent très bien. Il se croit tout permis d’où son arrogance et son excès de violence contre les femmes et les jeunes. Il est l’incarnation de la honte de la gent masculine. Il doit répondre de son acte de barbarie. Il doit démissionner, » confie un haut responsable de la délégation permanente départementale du RDPC dans le Diamaré au Jour.
La plainte et la position de l’ALVF
Sous la conduite de la députée Marie Damdam du Diamaré, un collectif compte saisir la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille sur le cas de la jeune dame battue et dénudée dans son lieu de travail par un élu. Une enquête est en cours.
« Nous ne tolérons pas ce genre d’acte surtout venant d’une autorité locale, » a déclaré Midjiyawa Bakary, le Gouverneur de la région de l’Extrême-Nord. Madame Aissa Doumara, Coordonnatrice de l’Association de Lutte contre les Violences faites aux Femmes (ALVF) a confirmé avoir reçu une plainte. Elle est en étude au service juridique de l’ALVF.
« A notre niveau, nous accompagnons la victime à faire un choix éclairé, nous la soutenons dans le sens large du terme. Nous l’appuyons en renforçant son estime d’elle-même pour affronter aisément cette situation. Le dossier est encore auprès des services juridiques de notre organisation. Il y a toute une procédure à suivre, » a-t-elle expliqué.
La Voix Des Décideurs – Joe Emana