La justice ou Amougou Belinga : que réclament les Camerounais après l’ assassinat de Martinez Zogo ?
Par Jean Armel Bissi, prêtre et enseignant de philosophie ( Cameroun)
Encore consternés par l’assassinat de Martinez Zogo dont la dépouille a été découverte le 22 janvier 2023 dans une périphérie de Yaoundé, nous avons tous appelé à une justice froide en attendant des coupables qu’ils soient sévèrement punis. Le chef d’Etat, Paul Biya, a ébranlé une procédure judiciaire qui suit son cours jusqu’à ce matin du 04 février 2023.
Alors que plusieurs personnes sont interpellées et ne font encore l’objet d’aucune condamnation, l’interpellation de Jean-Pierre Amougou Belinga, pour beaucoup, est un verdict. C’est lui l’assassin disent certains. C’est plutôt lui le commanditaire pensent d’autres. En l’absence de toute expertise, la soif de voir Jean-Pierre Amougou Belinga sous les verrous est synonyme de la justice à rendre.
Sur les réseaux sociaux, les intrigues fusent de partout à l’endroit de ce compatriote encore muet et libre de toute condamnation. Il y a sur la seule base de la convocation à lui remise un soulagement ineffable. Aucune focalisation n’est faite sur les autres personnes interpellées.
Aucune attention n’est portée à ce qui doit encore être fait ou qui sera à faire. Il est question de voir Jean-Pierre Amougou Belinga écroué. Il n’a pas droit à la présomption d’innocence. Il n’a même pas droit à un jugement. Il faut l’enfermer. Il faut en finir avec lui.
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Chers compatriotes, ce n’est pas cela la justice. Un crime a été commis et nous révolte tous. Laissons ceux qui ont qualité pour juger des faits nous informer et décider.
Par ailleurs, toute personne peut être interpellée lors d’une instruction judiciaire. Les enquêteurs recherchent la vérité et recourent à toute personne et à tout fait susceptibles de les conduire à l’endroit où elle se trouve. Une interpellation ne vaut donc pas une condamnation.
Quand bien même il arriverait que tel soit coupable de tel fait, la justice a des procédures, des étapes et des institutions en dehors desquelles nos supputations ne valent rien.
En conclusion, rien ne fait jusqu’à présent valeur d’une décision de justice rendue contre Amougou Belinga et le condamnant. L’interpellation d’un individu a pour but de mettre la justice sur les traces qui la conduiront à la vérité. Il faut donc encore un peu être patient avant de se réjouir du malheur qu’on souhaite au compatriote Jean-Pierre Amougou Belinga.