Bafia dans la Région du Centre Cameroun : Le torchon brule entre la mairie et ses riverains

 

[ En cause, la construction de la clôture de l’Hôtel de Ville. L’ouvrage est source de  discorde parce qu’il entraine l’obstruction d’une voie d’accès vieille de plus de cinquante ans. Plus alarmante, l’érection de ladite clôture pourrait mettre en péril une série  d’activités économiques. Le collectif des riverains a porté l’affaire en justice. ]

 


 

La Voix Des Décideurs │  Le litige qui oppose la Mairie de Bafia à ses riverains est l’obstruction, par la construction d’une clôture, d’une voie d’accès qui existe depuis plus de cinquante ans. La mairie a entamé, depuis quelques semaines, la construction de la clôture de l’Hôtel de ville de Bafia. Problème cependant, l’un des murs de ladite clôture cause un énorme préjudice économique aux établissements de commerce riverains. Les gérants sont confrontés aux problèmes d’accessibilité et de visibilité ce qui limite leur profit.

 

 

L’une des principales victimes de cette situation est la Laverie Moderne du Plateau. “Ici, on lavait les bus de 70 places. Maintenant, avec la construction de la clôture, ils n’auront plus accès à la laverie”, se plaint le gérant d’un établissement commercial riverain. D’aucuns redoutent même déjà le pire quant à l’avenir de leurs activités commerciales. “Avec la clôture, pour que les clients viennent ici, il sera difficile. Nous n’avons plus de visibilité. Il était plus facile de repérer l’établissement par la route principale, mais maintenant ça sera compliqué. A part les fidèles, anciens clients et quelques curieux, la situation est en train de se compliquer. Nous risquons de mettre la clé sous le paillasson”, craint un gérant.

Face à cette situation, le collectif des riverains a saisi le préfet du département du Mbam et Inoubou aux fins de s’opposer à la construction de cette clôture. La requête du collectif a été suivie d’une descente du préfet sur le terrain. Selon nos informations, les instructions du préfet n’ont malheureusement pas été suivies d’effet. Une source proche de l’affaire rapporte que Madame le maire dit à qui veut l’entendre que “sa clôture montera”, non sans brandir la menace de « ne respecter aucune décision et qu’elle ira jusqu’à la cour suprême pour perdre le temps avec pour seule finalité l’évolution et la fin des travaux de construction de sa clôture”, rapporte une source anonyme.

 

Sur le terrain, le mardi, 11 avril 2023, constat a été fait par nos équipes que les travaux de construction de la clôture querellée se poursuivent sans relâche, avec des techniciens et ouvriers rompus à la tâche. La barrière de la discorde est venue perturber les bons rapports jusque-là entretenus entre la mairie et ses voisins parmi lesquels des autochtones. ” Jusqu’ici, nous avons entretenu des relations de bon voisinage jusqu’à ce que ce mur vienne nous cogner les têtes… Nous ne sommes pas contre l’idée de construction d’une clôture par la mairie. Mais le problème c’est que nos droits n’ont pas été respectés. Maintenant, nous nous retrouvons enclaver en pleine ville à cause de la mauvaise volonté de l’autorité municipale”, confie un riverain.

 

 

La mairie étant déterminée à poursuivre les travaux de construction de la clôture de l’hôtel de ville malgré l’appel à l’humanisation de son action, le différend a connu une escalade. Le collectif des riverains a décidé de porter l’affaire en justice dans une procédure de référé d’heure en heure.

Dans leur requête au tribunal de première instance de Bafia, le collectif des riverains accuse la Mairie de bafouer leurs droits, y compris ceux des autochtones qui, dit-on, auraient cédé une partie de leur propriété à la mairie par le passé.

En dehors des conséquences économiques engendrées par la construction de la barrière de la mairie de Bafia, les populations demandent un accès aisé à leurs domiciles afin de vaquer en toute quiétude à leurs activités, sans oublier la préservation de la paix sociale menacée par cette situation qui pourrit progressivement le climat social dans la ville de Bafia.

“Nous appelons les autorités compétentes à ordonner l’arrêt des travaux pour y voir clair dans l’optique de l’apaisement pour que nous ne soyons pas abusés sur nos terres”, lance un riverain.

 

Pour l’instant, l’attitude de la mairie semble ne pas aller dans le sens de l’arrangement. Sur les quatre audiences organisées jusqu’ici dans le cadre de la procédure initiée par le collectif des riverains, Madame le maire de la ville de Bafia ne s’est présentée qu’une seule fois à l’audience. Entre-temps, le tribunal a prévu un transport judiciaire sur le terrain le 13 avril 2023.

Affaire à suivre.

 

La Voix Des Décideurs │ Eric  Ngono