Grand Dialogue National au Cameroun :   Où en sommes-nous avec la mise en œuvre des recommandations ?

  Lorsque le président Paul Biya a nommé un nouveau gouvernement avec le chef Dr Joseph Dion Ngute comme Premier ministre, chef du gouvernement, arrêter l’effusion de sang dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest était l’une de ses principales missions.

 

 

 

 

C’est ainsi que s’est déroulé le Grand Dialogue National à Yaoundé du 29 septembre au 4 octobre 2019. Quatre ans plus tard, les acquis du rassemblement sont énormes et encourageants. Alors que le Comité de suivi de la mise en œuvre des recommandations du Grand Dialogue National se réunit à Buea ce vendredi 11 août 2023, il est important de faire un  coup de pinceau  du chemin parcouru. Cette réunion à Buea est placée sous la présidence du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Chief Dr Joseph Dion Ngute qui est l’envoyé spécial du Chef de l’Etat, le Président Paul Biya.

Le dialogue se poursuit, c’est aussi la raison des nombreux changements et concessions que le gouvernement a faits pour que les choses reviennent à la normale dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Quel est donc le bilan concret de ce dialogue trois ans après ?

Avant de faire une analyse au cas par cas des gains réalisés, il est important de citer quelques réalisations riches ces derniers temps. Il est important de dire clairement que grâce au dialogue, près de 1000 combattants Amba ont quitté les buissons.

Il y a à peine une semaine, la Banque islamique de développement, la BID, a injecté 21 milliards de FCFA pour accélérer la reconstruction des deux régions. A cela s’ajoutent les 250 millions de l’Association des Etablissements Bancaires du Cameroun, l’APECCAM qui a donné 250 millions de FCFA. Le nouvel appui est basé sur la réalisation du Plan Présidentiel de Reconstruction et de Développement des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, PPRD-NW/SW.

La vie communautaire est également revenue à la normale dans une grande partie des deux régions avec le retour des festivals culturels. Plus de 60 000 IPD sont rentrés chez eux et davantage de conseils sont désormais pleinement actifs sur le terrain dans la réalisation de projets de développement. Le gouvernement a également réussi à faire revenir de nouveaux investissements dans les deux régions.

 

 

 

 

 

De grands projets de développement voient le jour dans les deux régions. C’est le cas de la route Kumba-Loum en cours de réhabilitation. Il en est de même pour la route Bamenda-Babadjou et la route Kumba-Ekondo Titi. Plus de routes communautaires sont entretenues entre autres.

Ajustements à l’ENAM en faveur des anglophones

Au niveau de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature, ENAM, on note la formation des Magistrats anglophones en Contentieux Administratif et des Comptes. Plus encore, 10 places en Contentieux Administratif, et 10 en Comptabilité, prévues pour le concours d’entrée au recrutement spécial des Magistrats anglophones ont également été ouvertes.

Avec l’autorisation spéciale du Chef de l’Etat, est intervenue l’Intégration de la première promotion de 250 Magistrats de Droit Commun et de 150 Greffiers. Ceux que nous avons la formation de troisième promotion 2019-2021 ; Formation de la quatrième promotion 2020-2022 et formation de la cinquième promotion qui sera diplômée en 2023.

 

 

Naissance du statut particulier

On attribue également au dialogue la promulgation de la loi 2019/024 portant code général des collectivités territoriales décentralisées. Cela a été fait deux mois après le dialogue. Ainsi, le rassemblement qui a donné naissance à une telle loi est la raison pour laquelle nous avons aujourd’hui des Assemblées Régionales dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec des Maisons de Chefs. Cela fait partie de la disposition relative au statut spécial qui a été discutée lors du grand dialogue national

A cela s’ajoutent la création de l’Ecole Nationale d’Administration Locale, NASLA et la nomination des Fonctionnaires ; Création du Ministère de la Décentralisation et du Développement Local ; Rédaction de décrets d’habilitation pour le transfert de compétences aux Régions ; Adoption des budgets des Conseils Régionaux ; nomination et installation de conciliateurs publics indépendants.

 

 

Il y a aussi l’affectation de 30 milliards de francs CFA pour le fonctionnement des Conseils Régionaux, conformément aux instructions du Président de la République ; Mise en œuvre effective de 15% des recettes de l’Etat aux collectivités territoriales. Les réalisations comprennent également la signature des décrets d’habilitation des Ministères des Transports ; Tourisme et Loisirs ; Environnement, Protection de la Nature et Développement Durable ; Logement et développement urbain.

Les arrêtés de cahier des charges du MINTOUL et du MINHDU sont en cours d’instruction en attendant leur transmission à la Primature en attendant ceux du MINEPDED et du MINT.

On peut citer également la signature du décret portant organisation administrative des conseils régionaux ; les pouvoirs en place ont également élaboré, transmis et défendu la signature du décret de passation de compétences aux Régions en matière de Jeunesse et d’Education Civique.

Il y a aussi la finalisation du cahier des charges du projet sur les modalités de passation de compétence aux Régions en matière de jeunesse et d’éducation civique ; Transféré 1 639 191 000 FCFA à MINDDEVEL pour la réalisation des compétences du MINJEC qui lui sont transférées. Le Gouvernement a également alloué 1 007 000 000 FCFA aux entités locales décentralisées pour exercer les compétences transférées en matière de jeunesse et d’éducation civique.

 

 

 

 

Options de désarmement

Il y a la création du Comité National pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion des Ex-Combattants. Nous avons la création d’un Comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent.

Nous avons la stratégie de communication opérationnelle qui comprend : des sites web, la diffusion d’émissions à la télévision et à la radio et par visioconférence, la réalisation de flyers, la réalisation de documentaires entre autres.

Dans les centres de désarmement, le gouvernement avait veillé à ce que les ex-combattants bénéficient d’une aide psychosociale, spirituelle et physique pour se réinsérer dans la société.

Un projet de réarmement moral pour les ex-combattants et un mécanisme spécifique de réintégration socio-économique des centres de DDR est également une réalisation. Partenariat entre le MINPROFF et le NCDDR pour apporter un soutien psychosocial aux ex-combattants.

Organisation d’un séminaire pour prévenir et contrer la prolifération des armes légères et de petit calibre en collaboration avec le Bureau des Nations Unies pour les affaires de désarmement, le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement et l’Union africaine.

Plus de 301 et 284 ex-combattants dans les centres DDR de Bamenda et Buea, respectivement. A Bamenda, il y a 204 hommes, 63 femmes et 34 enfants. A Buéa, il y a 256 hommes, 21 femmes et 07 enfants. A Mora, il y en a 2271 : 562 hommes, 599 femmes et 1856 enfants.

Sélection de 73 jeunes des Centres DDR de Bamenda, Buéa et de l’Extrême-Nord en vue de les mettre en grappe d’un montant de deux cent dix-sept millions quatre cent quarante-huit mille (217.448.000). Ces jeunes ont bénéficié de formations managériales et en Réarmement Moral, Civique et Entrepreneurial (REARMORGE).

 

 

Formation de 295 femmes réfugiées et déplacées internes en couture, pêche et gestion d’activités génératrices de revenus. 75 femmes et filles en âge de procréer, victimes de conflits intercommunautaires ont reçu des kits sanitaires ainsi que des équipements de prévention et de protection, dans le cadre de la lutte contre le COVID-19. 48 femmes victimes de conflits intercommunautaires ont bénéficié de subventions constituées de produits de première nécessité et de matériel de couchage. 98 personnes nécessiteuses ont bénéficié d’aides et de secours.

Assistance aux personnes déplacées

Pour améliorer la vie sociale des personnes déplacées internes, les autorités ont délivré des cartes d’identité et d’autres documents perdus ou détruits. Distribution de fournitures de secours présidentielles à plus de 3 000 personnes déplacées et 600 ex-réfugiés dans le sud-ouest. -Inclusion socio-économique de 90 déplacés internes dans les régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord, du Centre et de l’Ouest. Financement de 106 projets jeunesse dans la Région Nord-Ouest (94, 716 389) FCFA, 61 pour la Région SW pour (94, 991 053) FCFA. A équipé 3 Centres Multimédia de Promotion des Jeunes dans le Nord-Ouest, et 1 dans la Région du Sud-Ouest, (10 000 000) FCFA chacun.

Installation de Centres multimédias de promotion de la jeunesse dans le cadre du programme CMPJ-incubateur (7 583 953) FCFA. Installation de 10 jeunes promoteurs dans des villages pionniers (8 dans la région du Nord-Ouest et 2 dans la région du Sud-Ouest. Formation de 2052 femmes du Nord-Ouest en TIC, alphabétisation, gestion de projet et fabrication de savon liquide. Formation de 1480 femmes et filles des Régions NW et SW sur les activités génératrices de revenus Nous avons un encadrement de 134 réfugiés (femmes et femmes) sur la couture, le petit commerce, l’élevage et l’agriculture dans la région de l’Adamaoua.

Formation de 80 femmes nécessiteuses de la Région du Nord-Ouest sur la couture et la fabrication de savon antiseptique et désinfectant pour les mains, et mise à leur disposition de 40 machines à coudre. Recensement et encadrement de 5000 PDI des Régions NW et SW et formation de 40 personnes à l’accueil des PDI.

Sensibilisation continue des communautés locales accueillant des PDI par les Médiateurs Communautaires, l’Equipe Mobile d’Animation Populaire Urbaine et Rurale et les Ambassadeurs de la Paix pour promouvoir le vivre ensemble.

 

 

 

Déclaration demandant aux autorités publiques de prendre des mesures supplémentaires pour faciliter l’accès à l’éducation des déplacés internes des zones de conflit, vivant dans d’autres parties du pays. 47806 personnes ont été sensibilisées dans le cadre de la mobilisation communautaire pour la promotion de la paix, du vivre ensemble et de l’utilisation responsable des réseaux sociaux.

Plus de 49632 PDI ont été accueillis dans les services techniques du MINAS à travers le pays. 20444 ont reçu une assistance allant de la prise en charge psychosociale, aux besoins matériels, éducatifs et financiers. Création d’un Centre d’Accueil et de Transit des PDI pour faciliter la réinsertion sociale, d’une capacité de 50 places.

Organisation annuelle de la Semaine nationale de la solidarité et de l’entrepreneuriat social à Kribi, pour mieux planifier l’aide publique et la justice sociale à ceux qui en ont besoin.

Assistance et secours accordés, à partir des ressources transférées aux communes, aux individus et aux ménages qui ont perdu des biens à cause des abus des gangs armés : 11 communes de l’Extrême-Nord ont reçu 18 000 000 FCFA, 18 communes de la NWR ont reçu 27 000 000 FCFA et 19 communes de la SWR ont reçu 28 500 000 FCFA.

En 2021, un total de 114 820 personnes déplacées des deux sexes ont été accueillies et assistées en fonction de leurs problèmes sociaux spécifiques dans les centres MINAS. Facilitation de l’accès à l’éducation de 25 078 enfants déplacés internes dont 13 893 filles et 12 185 garçons en les inscrivant dans les lycées et lycées publics pour l’année scolaire 2021/2022. 31 personnes déplacées âgées ont bénéficié de placements familiaux dans l’arrondissement de Batibo.

06 personnes ont été amputées suite aux attaques des groupes armés et bénéficient d’un accompagnement psychosocial des Cellules Techniques Opérationnelles du Ministère des Affaires Sociales.

 

 

Arrêté de recrutement spécial de 500 traducteurs et traducteurs-interprètes dans la fonction publique. Utilisation obligatoire des langues anglaise et française par les membres du Cabinet dans tous les événements publics. Traduction de documents de l’anglais vers le français et vice versa, et l’expression de l’anglais et du français par le personnel de la police lors d’opérations de sécurité publique.

Utilisation des deux langues officielles (anglais et français) lors des réunions de coordination, traduction des documents officiels dans les deux langues et mise en place des affiches et des panneaux de signalisation dans les deux langues.

En plus de tout cela, les analystes ont conclu que, quatre ans après le grand dialogue national, il y a des gains palpables dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. C’est, selon eux, la raison de la nette amélioration du climat social, économique, culturel et éducatif dans les deux régions depuis la tenue du dialogue.

 

 

Un Chronique particulière de Patience KAH