Chronique de Calvin Djouari : Non au fédéralisme !!!

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Source photo : journalducameroun.com

Chronique Calvin Djouari : Non au fédéralisme !!!

De manière plus ponctuelle, mais non moins significative, la question du fédéralisme s’est imposée sur le devant de l’actualité et les croisades morales comme physiques ont eu lieu. Cette mouvance bénéficie du soutien de plusieurs personnalités politiques et intellectuelles, qui mettent à profit leur notoriété et leur présence dans l’arène parlementaire, publique et privée. Renaissance ou décadence ?

Pour s’exprimer, beaucoup se sont lancés dans ce manège avec des vocabulaires branchés, voire infantiles. Écoutez-moi… le fédéralisme dans le contexte camerounais, c’est la préparation à une future guerre. Le nationalisme c’est la guerre. Créer le fédéralisme c’est créer des branches militaires latentes. Les crises mobilisent les rêveries des hommes.

Il faut l’avouer cette crise camerounaise a favorisé l’hégémonie de la diaspora, mais à la longue elle sera pernicieuse dans la mesure où les africains sont revêches, il faut s’y attendre à voir proliférer des détachements des services d’action qui auront pour seul objectif d’étouffer par tous les moyens les mouvements révolutionnaires, les sociétés savantes ou les groupes nocifs comme dans les années 70. Je considère comme idiotie l’intellectuel ou la personnalité politique camerounaise qui demande le fédéralisme. C’est une pollution visuelle. Dans un pays compliqué comme le nôtre, le fédéralisme c’est le début de la partition, ce n’est pas une ère nouvelle, c’est le début du chaos. C’est créer l’ethno-nationalisme.

Il y aura des nationalistes radicaux nostalgiques du passé colonial. Cette attitude est un terrorisme souriant. Les hommes avides de pouvoir abandonnent l’esprit créatif pour chercher à s’asseoir et commander. Commander les autres c’est l’ambition de chaque camerounais. Sans le savoir nous sommes parfois des imposteurs car ce système que nous vilipendons, mais au fond de nous-même nous espérons l’intégrer pour échapper à la précarité et prendre notre revanche sur la vie et surtout assujettir les autres. Le camerounais aiment le pouvoir. L’esprit rebelle inspire la culture savante. Voilà pourquoi on a des racailles ces derniers temps.

Que chaque camerounais fasse un effort de distanciation avec tout ce qui sépare. L’histoire tend des pièges, le peuple s’y laisse prendre. On va me dire que cela a réussi ailleurs, le Cameroun est un pays différent. Comparaison n’est pas raison. Selon Gramsci, il y a crise quand les vieux démons ne tombent pas et le neuf ne veut pas naître. je suis d’accord. Mais pour résoudre le problème actuel, il faut un régionalisme moderne dans un cadre unitaire ; il s’agit de créer une ambiance d’intégration de toutes les cultures ; restaurer un âge d’or de la politique ; la reconnaissance d’une spécificité est une constance des revendications anglophones.

La promotion du bilinguisme, la sauvegarde de la spécificité anglophone. Il y a cette difficile affirmation de l’identité qui se cantonnera d’abord à la défense de la langue, La mobilisation en faveur d’un bilinguisme publique, pour cela il faut un laboratoire d’idées ; il faut des clubs de réflexion qui permettront d’avoir cette culture du vivre ensemble, richesse de notre nation. Mettre fin aux crépuscules des brasseurs dans leur arrogance, leur ignorance, leur cynisme, qui ont accéléré la dégradation socio-économique afin qu’ils tombent comme des sauterelles.

Je vais tenter une réflexion rare, les frères anglophones qui luttent pour quitter l’ensemble, ont-ils réfléchi comment ils seront dans 300 ans ? Leur territoire serait minuscule. Ils pourront atteindre 150 millions d’habitants. Pourront-ils gérer cette population avec un petit espace ? Se séparer c’est un réflexe naturel, c’est un fait des civilisations des hommes, mais il n’est pas besoin d’un autre état particulier. L’art de la contestation consiste à savoir mêler le refus et la concession au mieux de ses intérêts, la recherche du compromis n’est pas un signe de faiblesse mais d’habileté. C’est avoir de la myopie que de penser s’en sortir en faisant la partition.

Anglophone et francophone ne sont pas des antagonistes. Il est vrai que les choses n’avaient pas bien commencé il y a 60 ans, c’est maintenant qu’on peut rectifier ce manquement. Ce pays appartient aux camerounais, et chaque camerounais doit défendre son unité, quant au tribalisme, ça passera. L’esprit tribal actuel est conjoncturel. Il finira, ça ne fait pas peur aux camerounais.

Je reviens d’une fête où il y avait toutes les tribus, personne ne voulais entendre je suis … on disait dans la fête je suis camerounais. Il n’y a pas de dynamique politique qui ne procède d’une vision particulière pour l’ensemble. Je jure que peu à peu l’esprit tribal s’endormira, bercé par le clapotis des vaguelettes de l’histoire. Chacun verra. En tout cas c’est ma réflexion…

 

Une chronique de Calvin Djouari l Ecrivain et enseignant

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