LEMANA Louis Marie, l’auteur de cette œuvre majeure de l’identité camerounaise semble aujourd’hui aux oubliettes. Pourtant, ses faits d’armes restent forts élogieux et remarquables pour la postérité. Esquisse de biographie.
31 mars 1948 – 31 mars 2021, cela aurait fait 73 ans que LEMANA Louis Marie a vu le jour, n’eût été son trépas subit le 8 août 1997. Né de NDZOMO Laurent et BIDZOGO Joséphine, il passe une enfance paisible à Loua II son village natal par Obala.
Programmé pour dessiner
Fils aîné d’une fratrie de 7 enfants, LEMANA Louis Marie va se distinguer par sa grande ouverture d’esprit. Cette prédisposition révèle très tôt en LEMANA, le génie du dessin. Son coup de crayon, dès le Cours élémentaire première année va s’avérer déjà bien fin. LEMANA Louis Marie, selon de nombreux témoignages de ses camarades de cette époque, est déjà capable de reproduire fidèlement le portrait de ses congénères. La surprise se faisant très souvent au détour d’une discussion ou d’un goûter.
Seulement, le génie prenant le dessus sur les études, le jeune LEMANA va échouer la classe de Cours élémentaires deuxième année (CEII) en 1957. Un échec que le génie LEMANA partage alors avec Théophile MEVOA, son acolyte vendeur de ses œuvres.
Un saut vers le sceau
Au cours de l’année scolaire 1957-1958, le génie du jeune LEMANA Louis Marie va connaître un tournant majeur. Un évènement qui va virer à l’un des moments forts de sa vie et de la nation camerounaise. Fraîchement de retour à l’école à la faveur de la rentrée scolaire, en début octobre 1957, son talent de dessinateur est sollicité. Son oncle maternel André Marie MBIDA, devenu Premier ministre du Cameroun autonome, requiert ses talents pour un dessin d’une importance capitale.
Les spécificités de l’œuvre sont indiquées via l’Abbé Théodore TSALA, ami et camarade du Premier ministre André Marie MBIDA. L’Abbé, aumônier itinérant des écoles catholiques était alors Curée de la paroisse Sainte Anne d’Efok.
Lire aussi : Journée de la Culture africaine : l’évènement se prépare à l’échelle internationale
Ainsi, LEMANA réalise le profil de la tête d’une jeune fille. Devant le profil est une branche de caféier, et à l’arrière des cabosses de cacao.
L’œuvre est remise à André marie MBIDA par l’entremise de son beau-frère, le père de LEMANA Louis Marie.
La partition parlementaire
Cette œuvre sera présenté et les caractéristiques déterminées à l’Assemblée législative du Cameroun en 1957. Les débats se dérouleront entre octobre et décembre 1957, au moment où les députés adoptent les emblèmes du Cameroun. Ahmadou Ahidjo, Vice premier ministre chargé de l’intérieur, devenu président de la République en 1960, prend une ordonnance déterminant les caractéristiques du sceau de l’Etat que constitue désormais l’œuvre de LEMANA.
Un cursus atypique
Après avoir repris le CEII et réalisé le dessin du profil de jeune fille servant de sceau au Cameroun, LEMANA Louis Marie sort du primaire en 1962. Il entre au petit séminaire d’Akono. Puis en 1966 il intègre le collège Voltaire d’Obala. Un an plus tard, le collège Bullier de Nkolmebanga par Sa’a l’accueille. Il en ressort nanti du Brevet d’Etude de Premier Cycle (BEPC) en 1968. Le Centre Catholique Universitaire sera son prochain point de chute.
Vies professionnelles
Dès 1970, LEMANA Louis Marie entame une vie professionnelle dense. Il intègre l’Imprimerie nationale où son coup de crayon exceptionnel et son bilinguisme parfait y contribue comme traducteur.
LEMANA Louis Marie va par la suite flirter avec la craie. Par conséquent, il enseigne les lettres au CES de Ngomendzap, puis au collège Tobie Atangana de Mbalmayo. Il dépose ses valises comme enseignant d’anglais au Lycée de Nkongsamba et à Mbanga. La suite, c’est à Mamfé où il enseigne le français aux élèves. LEMANA Louis Marie est même fait Directeur de CES à Minta par Nanga Eboko.
Lire aussi : Distinction : Jean Claude Awono meilleur poète africain
Subséquemment, l’artiste prenant le dessus sur l’enseignant, LEMANA se retrouve au ministère des Postes et Télécommunications où il réalise de nombreux timbres. Entre temps, il réalise des caricatures en tant que collaborateur extérieur de Cameroon Tribune qu’il intègre finalement en 1977.
En 1986, c’est la rupture d’avec Cameroon Tribune pour la création d’une entreprise de Communication intitulé SOCRATES. En parallèle, il sert de Conseiller technique au Directeur général de la Trans Africaine d’Assurance (TAA).
Récompenses
Depuis l’école primaire, selon des sources familiales et camarades, LEMANA Louis Marie glane de nombreuses récompenses. Il s’agit notamment du premier prix de dessin organisé chaque année dans la contrée. Mais le plus prestigieux, outre le sceau de l’Etat du Cameroun, est sans nul doute le premier prix de l’Organisation de l’unité Africaine (OUA) en 1972.
En cette année 1972, étant en service à l’Imprimerie nationale, LEMANA reconnaît son dessin sur le cachet de l’institution. De sources familiales, il entame des démarches de paternité afin de bénéficier de la reconnaissance escomptée, jusqu’à son décès en 1996. Un décès survenu, fait-on savoir, à la suite d’un incendie criminel à son domicile dans un quartier de Yaoundé IV.
Eric Martial NDJOMO E.
