France : Plaidoyer de Calvin Honoré Djouari pour ses frères Anglophones

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Dans une lettre ouverte adressée aux populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’écrivain camerounais Calvin Honoré Djouari installé en France non partisan de la sécession ou du fédéralisme, critique le pouvoir de Yaoundé, condamne les actes  de violence, les invite à nos négociations et liste  quelques-uns des postes de responsabilité qui doivent être accordés pour l’intérêt des populations des régions en crise…

 

 

Lettre ouverte de Calvin Honoré Djouari aux  Anglophones 

 

Chers frères Anglophones,

Beaucoup de choses ont déjà été dites depuis le début de cette crise. Mais nous ne devons pas nous arrêter de parler ou t’écrire car c’est aussi participer à la vie de notre pays. Le Cameroun est comme notre mère patrie, c’est très facile d’aimer sa mère, surtout quand elle est belle et quand elle est grande, mais quand on est camerounais ce n’est plus sa beauté et/ou sa grandeur qui décident, c’est le cœur. Chaque pays a connu des périodes plus ou moins longues d’une situation difficile. Le Cameroun n’a perdu aucun repère, chacun de nous a compris qu’avec le temps qui passe chaque jour ce qu’on perd est riche, c’est un trésor qui s’enfouit. La colère fragilise l’instant.

Tout ce qui se passe à présent au Cameroun blesse la mémoire du bon citoyen. La politique c’est comme la mangue, il faut la cueillir en son temps. Il faut d’abord dire aux frères originaires du Nord-Est du Sud-Ouest, cet acte de courage et de bravoure n’a pas fait avancer les choses, le courage et la bravoure ont un temps. Quand ce temps est dépassé, il faut savoir utiliser sa sagesse si non on peut tout perdre.

« Il faut regarder dans la paix, soyons fiers de notre pays, et laissons la haine loin de nous. Il faut penser au futur, prôner la division c’est pour aller tout recommencer ? Mauvaise idée. »

Il faut regarder dans la paix, soyons fiers de notre pays, et laissons la haine loin de nous. Il faut penser au futur, prôner la division c’est pour aller tout recommencer ? Mauvaise idée. Parce que le nationalisme camerounais de tous les bords est un nationalisme ardent. Et quand le pouvoir est fatigué, ils finissent toujours par écraser les peuples revêches.

Il y a beaucoup de mauvais exemples dans l’histoire de l’Afrique. J’ai beaucoup voyagé dans ce continent et j’ai pleins de contes à raconter. Chaque Camerounais digne de ce nom, est prêt à défendre farouchement tout le territoire sans douter de l’issue. La réaction de ces serpents de Yaoundé sera de tout détruire sans état d’âme. Ils seront prêts à tout pour préserver l’Unité et ils auront raisons, parce que le Cameroun allemand était plus vaste que celui d’aujourd’hui.

La première chose va être d’essayer de repositionner les malentendus chers frères Anglophones, tout est dans son passé. Il ne faut pas liquider le passé comme ça. Le Cameroun a une histoire, interrogez votre mémoire, cette histoire est présente dans notre vie de tous les jours.

« Le Cameroun allemand était immense on nous a volé notre territoire, la terre de nos ancêtres. Le Cameroun est à mesure de réclamer son territoire de la colonisation allemande, mais il ne le fait pas »

Le Cameroun allemand était immense on nous a volé notre territoire, la terre de nos ancêtres. Le Cameroun est à mesure de réclamer son territoire de la colonisation allemande, mais il ne le fait pas ; après la première guerre mondiale, le Cameroun a été grignoté, le Cameroun est plus grand que cela, si l’ONU s’interpose le Cameroun leur réclamera le territoire aux temps des Allemands.

Ce sont ces guêpes de New-York qui nous ont volé notre espace pour le donner à d’autres pays. Faites attention de ne pas vous tromper, s’il y a la guerre, vous allez perdre. Parce que c’est du côté de vos frères Francophones que vous allez vous réfugier parce chacun de vous a une famille de ce côté. Vous allez au Nigéria, ils vont vous piller et vous tordre le cou. Imaginez tous les scénarii et n’acceptez pas le désordre dans notre pays.

Quand vous êtes un réfugié dans un loin de chez vous, vous êtes moins que rien. Vous êtes traité comme des mendiants, et après vient le temps des remords.

« Je vous écris pour vous prier de privilégier les négociations ; qu’au cours de cette table ronde que tout le monde en sorte bénéficiaire, vous avez des préalables incontournables que vous pouvez faire prévaloir. »

Chers frères,

Je vous écris pour vous prier de privilégier les négociations ; qu’au cours de cette table ronde que tout le monde en sorte bénéficiaire, vous avez des préalables incontournables que vous pouvez faire prévaloir.

Pour sortir de l’impasse vous avez une chose clé à demander au ministère de la justice ; que cela vous soit confié à vie. Il faut une justice au Cameroun et seuls les Anglophones peuvent restaurer cela. Vous devez réclamer  la direction de la Sonara, le directeur de la Sonara doit être un ressortissant de Limbé parce que vous devez en être les premiers bénéficiaires. Vous devez réclamer également une chambre de notre parlement et un des ministères en charge des questions d’éducation et d’enseignement.  Il faut que vous soyez aussi  à la tête du Ministère de l’économie et des finances pour une meilleure répartition des richesses, que le gouverneur du Littoral ou du Centre soit un ressortissant Anglophone. Il faut que la présence anglophone soit visible désormais ; que la langue anglophone soit désormais la première langue du Cameroun.

Ça fait trop longtemps que vous avez été méprisés, alors que la première langue aimée dans le monde est l’anglais. Voilà pour ma part ce que vous devez brandir dans votre plateforme revendicative. Dans toute période difficile, il faut savoir l’essentiel du dérisoire, mais si vous évoluez aussi lucidement, vous verrez que l’actif et le passif de la situation vous donne des nombreux avantages.

Vous devez savoir que le Cameroun votre pays a beaucoup fait pour vous, l’Angleterre en laissant cette zone ne l’avait pas développée. Tout ce qui est là-bas sont les travaux d’Ahidjo et de Biya. Vous n’avez qu’une seule arme que vous brandissez, le pétrole, mais on ne mange pas le pétrole, ne comptez jamais sur le Nigeria pour vous donner quelque chose, c’est un pays de jungle. La branche n’est pas encore pourrie.

« Ceux qui vous envoient sur le terrain veulent tout simplement produire un motif pour avoir leur papier d’asile politique en Europe. Le politique est trop hypocrite sachez-le. »

Moi-même avec Biya,  j’ai tout perdu à l’époque lointaine de mes études au Cameroun. Je suis venu à l’extérieur, mais je ne peux pas laisser le Cameroun tombé. Ceux qui vous envoient sur le terrain veulent tout simplement produire un motif pour avoir leur papier d’asile politique en Europe. Le politique est trop hypocrite sachez-le.

On va enregistrer des morts et les gens continueront de vivre comme si de rien ne s’était passé. Aller à la table de négociation ; ne donnez pas raison aux Blancs qui pensent que l’Afrique est un pays des guerres, les Blancs ne cherchent qu’à vendre leurs armes, ils ne défendront jamais l’intérêt du Noir ne vous y trompez pas.

Ne vous trompez pas de routes, votre plate-forme revendicative est noble ; profitez pour diriger à votre tour les grands ministères avec fierté.

 

 

« Ambazonie ». C’est quoi ça ? C’est comme Calédonie, ou Amazonie, vous n’êtes tout de même pas issus de la forêt. C’est puéril. Ça ne donne pas l’image qu’on peut se faire des personnes responsables. Ça me fait penser à mon enfance à Limbé; on avait un ami qu’on appelait Ambazo, il avait aussi un petit chat qu’il avait surnommé Ambazo, quand on venait à son domicile, on se plaçait sur le seuil de la porte et on l’appelait Ambazo et le chat se précipitait le premier, et lui de gronder le petit animal : «  Eh toi ! C’est moi qu’on appelle ! » Et un jour le petit animal qui en effet était une chatte a mis bas, les chatons étaient pleins dans la maisonnée, et on appelait les chatons les ambazoniens, ils étaient partout dans le quartier se folâtraient entre les jambes des gens, cherchant Non « Man » agissez comme des adultes.

 

Fait à Paris 04 octobre 2017

Calvin Honoré Djouari, Ecrivain Enseignant

 

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